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HI I'M Hermeien ROSE NOIRE
▌My Messages : 14 ▌Inscription le : 17/06/2011
❝ C'est un secret? ❝ Pièces d'or: 10 ❝ Relationships: ❝ Inventaire:
| Sujet: — ❝ Hermeien Dim 19 Juin - 17:29 | |
| © Gilbert Nightray - Pandora Hearts. | Introduction • P R E N O M: Hermeien. • M E T I E R: Paladin. • A G E: 24 ans. • H A B I T A T I O N: Capitale. • G R O U P E: Rose Noire. • M O N D E: Nouveau monde.
Et en vrai? • Prénom/Pseudo: Fly, ou Flying Pumpkin. • Comment avez vous connu le forum?: Pub sur Pretty School. • Code règlement: Valided by aeriya. • Personnage prédéfinis ?: [ O ]
| Caractère & physique PHYSIQUE - Il fait noir, dans la chambre. Les fenêtres grandes ouvertes laissent passer le vent, léger zéphyr nocturnes. Les étoiles brillaient, lumineuses et pales dans le ciel d’encre. La lune laissait passer ses rayons dans la chambre, baignant la pièce d’une légère clarté. Une ombre, longiligne, svelte, sort d’un pan mal éclairé de l’endroit. C’était un homme, il était grand, et se déplaçait avec une étrange facilité dans le noir. Ses pas étaient assurés, fluets, presque discrets. Il se déplace avec agilité, comme un félin. Il se pose, tout proche de la fenêtre. Ses cheveux, d’une couleur aile de corbeau dansent légèrement, au gré du vent d’ouest. Un soupir s’échappe de ses lèvres, alors que ses grands yeux s’ouvrent enfin. Ses pupilles sont d’un or liquide, mais malgré leur beauté, ils restent lointains. Affreusement. Lointains. Il y a cet éclat perdu, cette candeur d’enfant brûlée. Comme si le même vent qui agitait les pans de son manteau sombre, avait dispersé les cendre de ce passé et de ce bonheur. Envolé. Les rires. Les joies. Vous savez, c’est cette même gestuelle qu’ont les gens que vous rencontrez quelque fois dans la rue, dans les bordels, dans les bas-fonds. Cette espèce de lueur éparse, et pourtant diffuse, comme une perfusion de douleur, de souffrance et de mauvais souvenirs au creux des veines. Vous ne les connaissez pas, mais pourtant, vous savez, qu’ils ont une histoire, plus sombre que d’autre. Vous sentez leur flegme, comme s’ils étaient fatigués à chaque instants de leur existence. Et ses soupirs, profonds, lents, réguliers, présents, qui évacuent comme une boule d’allégresse étrange, de leurs poumons. Ces mêmes poumons déchirés par quelconques drogues, anciennes ou nouvelles, ces esprits tiraillés et endettés envers leur propre personne. Ils sont rongés par la haine, par l’angoisse, mais surtout par le regret. Ce sentiment étrange et stupide, qui vous hante à chaque instants de votre vie. C’est pourtant inutile, les regrets, non ? On ne peux changer le court du temps, car c’est son créneau, il court, il court, et ne s’arrête pas. Même pas pour les pauvres humains que nous sommes. C’est ça. Le regard de Hermeien. Ah, oui. Je ne vous avais pas encore dis son nom. Hermeien. Ça sonne étrangement, au creux de mon oreille. Vous savez. C’est comme lorsque l’on essaye d’entendre le bruit des vagues léchant le sable, ce nom. Hermeien. Hermeien. L’apparence de ce nom. L’apparence de cet écho. Comme un souvenir lointain, qui perle le long de son cou comme le pendentif qu’il possède. Une longue chaîne argentée. Il ne s’en sépare jamais. Tout comme son épée. Toujours à sa portée. Une longue, très longue lame. Des glyphes sont dessinés sur le pommeau et sur le fourreau. C’est un bel objet, et relativement utile. Il y tiens. En fait, c’est assez rare, car l’homme ne tiens pas à grand-chose. Cela se compte à vrai dire sur les doigts d’une main. Il y a son amie, enfin, sa petite amie plutôt, mais je vous parle de cela car Hermeien peut avoir cette lumière, dans le regard, cette espèce de petite étincelle farouche et peut être attendrissante. Cela arrive peu, mais elle existe. Tout au fond de ces yeux d’or liquide.
Bien battit, l’homme paraît cependant moins musclé qu’il n’y paraît. Ce n’est pas une de ses personnes bodybuildées à l’extrême, et n’ayant finalement rien dans le crâne. Malgré cela, il n’est pas non plus Hercule, mais compense cette faiblesse par une endurance plus importante que la moyenne. Il couple cette aptitude par une vitesse et une dextérité impressionnante, et l’adrénaline du combat ne fait qu’accroître ses réflexes déjà très travaillés.
CARACTERE - Et voici l’envers du décor. Oui, il y a toujours les coulisses des êtes, là où personne ou presque personne n’ose s’aventurer. C’est là où les pensées malsaines naissent, où les fantasmes morbides et les désirs parfois même inavoués prennent lentement leurs formes monstrueuses. Les ombres de ses pensées rampent dans le cœur et dans l’âme comme des ombres chinoises, dansantes, hilares et mouvantes, derrière les rideaux tirés que sont les apparences. Tout n’est qu’apparence. Hermeien est synonyme d’apparence, et son conflit intérieur se traduit par une fatigue continuelle. Il y a toujours cette flemme, dans son regard et ses gestes. Cela pourrait presque ressembler à de la nonchalance, mais il n’en est rien. Il y a toujours ces voix insensées qui lui murmurent des paroles doucereuses au creux de l’oreille, et c’est peut être pour ça que ses mots paraissent si… Posés. Tranquilles. Si ils n’étaient dépourvus de la lueur folle et du contenu de ses propos, elles auraient pu êtres sages. Le Roi est toujours présent, il épie, il surveille, espionne, tous. Que ce soit un valet ou un misérable mendiant dans la rue, il craint le coup d’état. Car pour en avoir fait un, il sait que cela existe. Cette attitude trahis sa paranoïa, car malgré son calme apparent, Hermeien est constamment angoissé. Il se sent sans cesse surveillé, et par malheur une personne osait le regarder de travers, il l’exécuterait sur le champ. Étrangement, c’est peut être pour cela qu’il place autant d’affection et d’espoir en Nactias. Celle qui occupe la place la plus importante dans son cœur. Pour prouver au monde qu’il est capable d’affection ? En premier lieu, oui. Il essaye de se convaincre lui-même que c’est le cas, mais non. Il éprouve réellement des sentiments pour la jeune fille. Et le mot éprouver est bien faible. Car il les supportent chaque jours durant sans en savoir la réelle signification. Enfin. Un jour. Il y a songé, à l’amour. Amour. Quel drôle d’idée ! Quel étrange sentiment. Il n’y pensait pas, car l’homme ne s’en trouvait pas assez digne, ou encore moins capable. Il pourrait jeter toute son armée dans une bataille déjà perdue d’avance, il pourrait faire fondre son trésor ou bien liquider tout son personnel pour seule justification une faute qu’ils n’auraient pas commise, jamais il n’ose penser aux sentiments qui seraient capables, à eux seuls, de mettre en péril lui ou bien son destin. Hermeien est peut être un Roi. Hermeien est peut être un fort, mais Hermeien…Hermeien est sûrement lâche, dans le fond.
Colérique à ses heures, si il ne se met pas en pétard tous les jours, ses crises sont souvent spectaculaires. Sa paranoïa et son angoisse sont d’ailleurs là pour alimenter encore plus ces accès de rage folle, lui donnant l’impression que le monde entier se ligue contre lui. C’est plus une incompréhension du monde qui l’entoure, et il paraît aussi désemparé qu’un enfant lors de ces instants. C’est d’ailleurs Nactias la plus à même de le calmer lors de ces moments. Malgré cela, il ne tolère personne, et n’hésitera pas à embrocher de son épée quiconque osera l’approcher ou lui parler. Lunatique, il peut cependant faire preuve de bonne humeur - cela reste relativement rare - et de rester calme, ou sortir faire une promenade. Cela dit, pour ne pas entacher cette fameuse bonne humeur, il n’aime pas la présence d’autrui pour lui parler ou le déranger, et contrairement à ses accès de folie, il vous embrochera joyeusement. |
| Histoire
Acte I. L’enfant courrait. Désorienté, perdu, il cavalait dans les couloirs du château dans la quasi-totale obscurité. Il faisait nuit, mais un éclair, durant quelques secondes, illuminait la scène pour la replonger quelques instants plus tard dans l’obscurité. Jour. Nuit. Jour. Nuit. Jour. Nuit. Et cætera. Il était essoufflé, et ses cheveux aile de corbeau étaient trempés de sueur. Le regard désespéré, harassé, comme si la mort elle-même était à ses trousses. Il traversa le couloir et passa dans un autre bâtiment, se faisant trempé de pluie par la même occasion. Il se dirigea précipitamment vers la salle du trône, et ce qu’il y vit lui glaça le sang.
Il se souvenait des longues matinées passées avec son père. Parfois, celui-ci l’emmenait pêcher, et s’il pleuvait, ils restaient ensembles dans la salle d’entraînement pour croiser le fer. Son père lui répétait sans cesse qu’il serait un grand guerrier, qu’il serait même chef de la garde royale et qu’il pourrait ainsi servir le Roi avec une loyauté sans faille, comme un vrai chevalier. C’est son rêve, de devenir un véritable chevalier. Pas comme ces héros d’opérette, non, une légende même. Connu dans le monde entier, et même plus s’il était possible. Et le garçon hochait la tête avec vigueur sur ses paroles, plein de confiance quand à son avenir. Ces mêmes et longues journées étaient à présent finies, et à la place du large sourire satisfait et fière, sur les lèvres de son père, se trouvait une grimace de douleur baignée de sang. Son corps à terre, l’homme respirait difficilement, et chaque expiration n’était qu’un vague sifflement. Une épée lui traversait le torse, et la plaie béante faisait se déverser une large flaque écarlate en dessous de lui. Abasourdi, le garçon recula d’un pas, avant de se précipiter au chevet du mourrant. Il hurla.
- « SALAUD ! TU N’AS PAS LE DROIT DE MOURIR ! T’AS PAS LE DROIT DE ME LAISSER SEUL ! TU M’ENTEND, SALAUD ?! »
Les lèvres de son père remuèrent faiblement, et il lui prit les mains. Quelque chose de froid s’y glissa. Étonné, le garçon y vit une pierre. Des reflets bleus et argentés dansaient en elle en de fabuleux reflets irisés. Il n’eu pas le temps de comprendre, car un coup de pied violent le fit décoller du sol. Se relevant derechef, et vit enfin son agresseur, et l’assassin. Sa tenue dorée était imbibé de sang, mais ce n’était pas le siens. Un rictus cruel déformait ses traits de tête couronnée, car en effet, il s’agissait du Roi. Ce même Roi qu’admirait son père, les yeux rêveurs. Ce même Roi qu’il avait décidé de servir sans failles, tout le long de sa courte vie. Une vague de rage, de haine et d’effroi se déversa en lui avec une force inimaginable, il serra la pierre, présente dans sa paume, avec autant plus de force. Le dernier héritage de son père. Il lui semblait qu’elle devenait glaciale, mais il n’y prêtait aucune attention. Celle-ci était entièrement focalisée sur l’assassin.
- « Bouges, morveux. »
La colère enfla de plus belle, à présent, il serrait les dents pour se retenir de hurler, mais sa rancœur était telle qu’il ne pouvait s’empêcher de trembler. Un sourire se dessina sur les lèvres du Roi, qui s’avança vers le corps inanimé du vaincu. Lui crachant au visage, il eu un rire mesquin. N’y tenant plus, le petit garçon se précipita vers son adversaire. Et tout devint noir.
La suite, il l’a deviné d’après les différents récit qu’on lui en a fait. Car celui-ci s’était levé dans un lit, mais absolument rien de ce qu’il s’était passé ne lui revenait en mémoire. Mais une chose était sûre, il avait tué le Roi, ce jour là. Il avait donc plus ou moins volontairement fait un coup d’état. Et malgré le fait qu’il ne l’avait pas réellement prévu, le jeune garçon fût proclamé à la tête de l’état. Le Roi Hermeien.
Acte II. Deux ans s’étaient écoulés, et la vie avait peu à peu reprit son cours normal. La situation politique s’était stabilisée, et malgré le jeune âge du nouveau souverain, il s’en tirait plutôt bien. Il avait apprit, quelques semaines après la mort de l’ancien Roi, qu’il possédait en fait une pierre d’esprit, transmise par son père juste avant son décès. De ce fait, il en était le Gardien. Ce statut lui conférait puissance, prestige et respect de ses pairs, en plus de sa classe sociale. Tout cela lui monta quelque peu à la tête, et les mots humilité et amour de ton prochain n’eurent bientôt plus beaucoup de sens pour lui et pour son esprit perverti par le pouvoir. Rien ne lui était refusé, aussi, il trouvait tout naturel de désobéir lorsque ses conseillés lui demandaient de rester à l’abri au château. S’échappant par les portes dérobés, les escaliers souterrains ou même plus ouvertement, par les fenêtres, il se rendait en ville en protégeant son visage d’un capuchon noir, couvrant ainsi son visage. C’est lors d’une de ses escapades, qu’il rencontra celle qui volerait plus tard son cœur.
Le soleil était haut, c’était un radieux jour d’été. Les marchands avaient sortis leurs étalages, et de nombreux acheteurs ou simples badauds venaient jeter un œil intéressé à leurs étalages. Hermeien, malgré la chaleur accablante, ne découvrait pas son visage. Son profil était bien connu, et malgré son caractère impétueux et juvénile, voir impudent, il restait d’une extrême vigilance vis-à-vis de cela. Son regard regardait les nombreux articles, vendus sur les étalages. En effet, ils présentaient des objets divers et variés, et il était très intéressant de tous les détailler. Des vases, des bibelots, des bijoux, des animaux, des fruits, des légumes, des céréales, des épices. Toutes ces merveilles étaient sous ses yeux étincelants de curiosité, et que jamais le palais ne pourrai égalé. Zigzaguant entre les échoppes, il traversa quelques rues avant de déboucher sur une place solitaire, aucuns bruits n’y parvenait ou presque, mis à part le brouhaha lointain et étouffé des galeries marchandes et de la petite fontaine qui s’y trouvait. Il s’assit sur le rebord de celle-ci, et prenant un peu d’eau au creux de ses mains, il la laissa dégouliner le long de sa nuque brûlante. Il soupira d’aise, et contempla le ciel quelques secondes. Le ciel était d’un bleu parfait, entrecoupé seulement de quelques nuages effilochés et éparses. Il fut cependant tiré de sa rêverie par un cri, qui se fit entendre un peu plus loin. Il bondit sur ses pieds, et se dirigea rapidement vers l’origine du bruit. Une fille, un peu plus jeune qu’elle était ratatinée à terre. Elle avait de longs cheveux d’un rouge fabuleux, terni par la terre et la crasse, et un homme, debout au dessus d’elle, était en train de la battre à grands coups de pieds en la traitant d’incapable. Sans réfléchir, Hermeien s’élança et se jeta sur le grand type. Surprit, celui-ci chuta à terre. La fille se releva d’un bond, et donnant une large gifle à son sauveur, elle hurla :
- « NON MAIS ÇA VAS PAS LA TÊTE ?! »
Elle présenta milles excuses amères à son agresseur, et lui tendit son bras maigre mais fort pour qu’il se relève. Celui-ci l’envoya balader d’un revers de la main en poussant des jurons indignés. Il épousseta sa veste et fit face au jeune garçon, à qui la baffe avait remise les idées en place. Le Roi anonyme comprit sa méprise, en voyant la réaction de la jeune fille et le panier de course renversé à terre. Tout semblait indiquer en effet, que celle-ci n’était rien d’autre que la personne sous les ordres, ou du moins, l’esclave du type. Hébété, Hermeien pris ses jambes à son coup en entendant les nouvelles insultes du maître dans son dos.
Quelques jours passèrent, le temps que le garçon se remette de l’incident et qu’il puisse y réfléchir, et surtout, à ce qu’il pourrait faire pour réparer cela. Ses obligations ne l’aidant pas à cela, il mit beaucoup de temps avant de pouvoir y penser sans être interrompu. Sa décision fut cependant prise au matin du sixième jour : Il irait de nouveau en ville, et trouverait la jeune fille pour s’excuser. Certain de sa réussite, il parti pour la suite plein d’espoirs. Cependant, il déchanta rapidement au bout de quelques heures de vaines recherches. Il avait décidé de débuter là où tout avait commencé, malheureusement, la ruelle restait désespérément vide. Il avait ensuite fait une ronde dans les différents quartiers, mais cela non plus n’avait abouti à rien. Le Roi hésita à fouiller dans les dossiers de la ville, mais cela trahirait sûrement ses projets. Il devait donc faire cela pas à pas, « à l’ancienne » comme dirait certains, et son statut de souverain n’était pas réellement utile à ce moment là. Et d’ailleurs, s’il prévenait la garde pour traquer la jeune fille, il perdrait très certainement de sa crédibilité au près d’eux et de ses conseillers, en plus des concernés… Décidément. Rien n’était là pour l’aider. Cependant, après deux jours de recherches intensives, il aperçu enfin la chevelure flamboyante de la jeune fille. Son cœur bondit d’adrénaline, et il s’élança à sa poursuite. Elle s’engagea dans une rue sombre, et la rattrapant avec peine, il lui toucha l’épaule pour qu’elle lui fasse face. Son regard parut d’abord surpris, puis un vague ennui et un dédain prit place dans ses pupilles. Il entrouvrit légèrement les lèvres, et s’il ne s’était pas retenu, se serait très certainement sa mâchoire entière qui serait tombée. En effet, ces mêmes yeux étaient d’une beauté époustouflante. Les reflets rougeâtres de ses yeux s’accordait avec perfection à sa chevelure déjà extraordinaire, et il ne l’avait pas remarqué lors de leur première rencontre, mais elle avait un très beau visage, lisse et merveilleux derrière les mauvais traitements subits. Car malgré la délicieuse courbe de son profil, ses pommettes étaient légèrement creuses, signe de faim. Ses mains étaient fines, et des marques rougeâtres ceignaient ses poignets, marque qu’il ne pu identifier sur le coup. Il se rendit tout d’un coup compte qu’il n’avait même pas réfléchis à comment tourner la chose, et la soudaine révélation de la beauté de son interlocutrice ne faisait que le perturber encore plus qu’il ne l’était.
- « Je. Euh. Désolé. Pour… Semaine dernière. Enfin. Je savais pas. Et. Bref… »
La honte venait à présent s’abattre sur lui comme une massue, et il n’eu comme réponse de la jeune fille qu’une expression hilare, et un rire cynique. Elle se détourna et repris son petit bonhomme de chemin. Hermeien regardait sa silhouette s’éloigner, joyeuse, et il ne pouvait que rester hébété sur la route. Il devint rouge comme une pivoine, mais pas autant que l’étaient les cheveux de la jeune fille, et maugréa tout le long du chemin du château. La honte fit peu à peu place à la colère et à l’indignation, elle, jeune fille misérable, qui riait au nez du Roi ! AH ÇA NON ! CELA NE SE PASSERAIT PAS COMME ÇA ! Il était fortement désappointé, voyez vous, le souverain blessé dans son orgueil. Il irait dès demain à sa recherche tiens ! Et il exigerait des excuses sur le champ ! Nahmého. Et c’est évidemment ce que fit Hermeien, et il fut décidé de ses actes jusque dans les rues, imaginant déjà la scène de son imagination fertile. Haha ! Elle ne se moquerait plus ! Et même si elle demandait à l’épouser, il dirait non ! Haha ! Bien fait !
Jusqu’à ce qu’il l’aperçue. Elle était assise sur un banc, les yeux rêveurs. Et tout le courage, la colère, et l’indignation dont il s’était armé tomba tel un château de carte. Il essayait de les rattraper, mais ce fut peine perdue. Il trembla d’une rage impuissante, et fixa de ses yeux haineux la jeune fille qui ne l’avait pas vu, perché sur un toit. Hého ! Regardes le petit Roi ! Il est en colère, contre elle, pour être elle-même, et contre lui, parce que c’est un imbécile incapable. Incapable, et impuissant. Alors il l’avait observé. Durant les longues heures où elle serait assise là sans rien faire, et quand elle marchait dans la rue pour faire les courses ou aller vaquer à ses occupations. Il l’avait même suivi jusqu’à chez elle, enfin, jusque chez son maître pour être exacte, et il traquait ses entrées et ses sorties avec une impatience gamine. Cela faisait presque deux mois qu’il jouait à ce petit jeu, et c’est le plus naturellement du monde qu’un jour, elle arriva dans son dos et l’entraîna dans une rue solitaire. Elle planta son regard dans le siens, celui-ci lançait des étincelles contrariées et de colère.
- « Arrêtes de me suivre. Pigé ? »
Hermeien fut une nouvelle fois prit au dépourvu, car il croyait, non, il SAVAIT que sa filature était parfaite. Cela venait du soi, car c’était lui qui la faisait voyons ! Ne soyez pas stupide. Alors cette fille, en plus d’être belle, c’était une sorcière. Rhaga. Une sorcière. Non, il divague de son cerveau borné et incompris, je vous rassure tout de suite. Aussi, il ne répondit pas, mais tira la langue avec désinvolture et rentra aussitôt au château, laissant l’inconnue seule. Il partait avec une démarche solennelle, qui se voulait conquérante, mais qui frisait le ridicule plus qu’autre chose. Il entendit pouffer derrière lui, mais ne se retourna pas, au contraire, il gonfla le torse et les joues - joues qui au passage sont invisibles aux autres, de par son capuchon, mais ça il s’en fichait éperdument. - C’est ainsi que se déroula leur deuxième rencontre.
Il avait continué de la suivre, mais de plus loin cette fois, ne voulant plus se faire prendre - il ne pourrait plus partir si dignement -. Et c’est ainsi qu’il apprit la ruine du maître de la jeune fille. Il voyait les meubles se vider de la maison, le panier des courses qu’elle ramenait lentement s’amaigrir et l’air encore plus fatiguée de l’esclave. Étrangement, cette souffrance la rendait plus belle encore. C’était peut être un état de grâce, sans l’être pour autant, mais cela plaisait au petit Roi. Seulement, le jour fatidique vint.
Hermeien avait guetté déjà tôt le mâtin la sortie de l’objet de son attention, et c’est escorté de deux hommes inconnu qu’elle avait quittée la maison. Intrigué, il les suivit discrètement, pour arriver jusqu’aux bas-fonds de la capitale. Il ne s’y était jamais aventuré, préférant de loin la beauté des lieux propres et pittoresques du centre ville. Mais ici, la laideur avait remplacée la beauté. Le sol était sale, l’odeur embaumant l’air était un mélange de charogne, de nourriture en décomposition, d’égout et de déjections, humaine ou animale. Il s’était enveloppé la partie basse du visage d’une écharpe, afin de minimiser les relents abominables des lieux. Il arrivèrent enfin sur une place, grande et peuplée d’hommes et de femmes. Certains étaient en cage, parfois nus, d’autres hurlaient des chiffres misérables tandis qu’un homme, un peu plus surélevé montrait du doigt l’un ou l’autre des prisonniers. Le marché aux esclaves. Une boule se noua dans sa gorge, et il se noya dans la foule nauséabonde. Quelques humains furent vendus, puis arriva le tour de la jeune fille. Elle restait fière, et son regard impérieux regardait avec dédain ceux qui la fixaient de leurs yeux avides. Qu’importe l’endroit ou le vêtement, elle avait à cet instant là l’allure d’une véritable impératrice.
- « NACTIAS ! 12 ans ! Les enchères commencent à 4 écus ! »
Nactias. Nactias. Il huma l’air quelques instants, comme s’il pouvait percevoir l’odeur de la jeune fille. Nactias. Nactias. Même prononcé par ce gros lard, son nom raisonnait avec superbe dans ses oreilles, et avait comme un étrange écho jusqu’au plus profond de son âme. Le prix misérable lui retourna l’estomac, et alors que les enchères montaient peu à peu, le vendeur hurlait ses capacités et ses tailles, avant de scander.
- « Holà ! 67 écus ! Cela monte, cela monte ! C’est notre plus belle enchère de la journée ! Qui dis mieux, qui dis mieux !? »
Hermeien s’avança, agacé. La jeune fille eu un regard surprit de le voir ici, mais son regard devint deux billes rondes de stupeur lorsqu’il hurla, au dessus du brouhaha de la foule.
- « 200 PIECES D’OR. »
Tous se turent, et des murmures s’échangèrent dans la lambada d’acheteurs. Le vendeur se pencha, et lui murmura d’une voix qui se voulait consolante mais qui trahissait son hilarité.
- « 200 pièces d’or !? Tu n’es pas sérieux mon petit ! Enfin voyons, rentre chez ta maman, c’est plus sage. Laisse les grands à leurs affaires, cela vaut mieux ! »
Hermeien décrocha sa bouse de sa sacoche, et la jeta au sol, au pied du vendeur. Les pièces d’or sortirent pour la plupart du sac, se déversant sur les pavés crasseux. L’homme glapit, et récupéra son butin. Ne leur laissant pas le temps de se remettre, le garçon pris Nactias par la main et l’entraîna hors de l’endroit. Ils pouvaient entendre au loin les hurlements des hommes qui se battaient pour la moindre pièce, comme des bêtes sauvages et monstrueuses, laissés à leur misérable existence. Ils s’enfuirent de l’endroit, mais malgré cela, Hermeien n’avait absolument aucune idée d’où aller. Enfin, l’endroit le plus probable était le château, mais trouver une excuse pour que sa jeune « amie » y vienne. Bon, il y réfléchirait plus tard. De toute manière, aux dernières nouvelles, c’était lui et uniquement lui qui prenait les décisions dans cette baraque, non mais vous jure. Aussi, c’est sans hésitation qu’il entraîna Nactias jusqu’à sa demeure. Celle-ci resta silencieuse devant le porche, et même jusqu’à la chambre qui lui fut prêtée. Le jeune garçon lui laissa le temps de s’installer, et c’est ainsi que la donzelle débarqua.
Acte III. C’était frustrant n’est-ce pas ? En fait, c’était même pire que frustrant. Cela le mettait dans une colère noire, notre jeune Roi. Nactias habitait ici depuis presque cinq ans, et jamais, ou presque jamais elle ne lui adressait la parole. Il l’avait bien invité une ou deux fois à sa table, le soir pour dîner, mais elle restait pieusement silencieuse. Il se demandait parfois si elle avait des coutumes religieuses qui lui interdisait le silence, mais jamais il ne lui posait la question, car il savait pertinemment que ce n’était pas le cas. Il avait beau subvenir à tout ses besoins, il avait beau la couvrir de cadeaux, jamais elle ne cédait, et elle ne céderait jamais. Pourtant, il savait, grand Dieu il savait qu’il en était à présent maître, mais c’était plutôt elle, qui le baladait au bout d’une laisse. Il avait énormément hésité, à parfois la mettre au cachot, histoire de lui apprendre les bonnes manières, mais jamais il n’avait franchit le pas. Il l’aimait trop pour cela. Enfin, il ne s’avouait pas à lui-même. Pour se justifier, il se disait qu’il fallait qu’il en soit ainsi. C’est comme beaucoup de chose. Pourquoi est-ce que tu te comporte comme un gamin Hermeien, au seuil de tes 17 ans ? Parce que. Et bien qu’il en soit ainsi, reste borné, mon petit souverain. Aussi, c’était toute cette retenue mêlée à ce désir qui le tiraillait un peu plus chaque jour, et c’est d’ailleurs cette situation qui lui créa ce caractère, à fleur de peau. Il suffisait en effet d’une petite chose qui n’allait pas pour que tout explose, au sens propre comme au sens figuré. Et il y avait toujours cette saleté d’impression. Vous savez, comme un truc qui vous démange. Vous avez beau vous gratter, vous n’arrivez jamais à vous en débarrasser. Et Hermeien n’était pas dans un meilleur état. Paranoïaque, celui-ci se demandait si Nactias lui appartenait réellement. Car il pensait à son ancien maître. Elle avait sûrement beaucoup plus d’estime pour ce salaud que pour lui, alors que lui… Il lui donnerait tout ce qu’elle souhaiterait. Absolument tout. Alors que l’autre, il la battait. Il l’a malmenait. Il l’avait même revendu. Alors pourquoi y avait il cette préférence ? Pourquoi n’était elle pas reconnaissante ? Même un peu ? Pourquoi est-ce qu’elle continuait à l’ignorer ou du moins, à se moquer de lui alors qu’il était son sauveur et son mécène ? Cela l’enrageait. Parce qu’il était absolument incapable de le lui dire en face, et encore moins capable d’envoyer quelqu’un le lui dire. C’était tout bonnement impossible. Il serait la risée de tout le royaume, et elle serait en première ligne pour se moquer de lui. Et depuis quand est-ce qu’un Roi tombe amoureux d’une esclave… Décidément, la vie était bien trop compliqué, de nos jours.
C’est dans cet état d’esprit fort tumultueux qu’il s’était couché, cette nuit là. Son lit lui paraissait bien trop grand, et les esprits bien rieurs, pour qu’il puisse fermer ne serait-ce qu’un œil. Aussi, il décida de se lever, s’habilla, enfila son manteau noir de jais et pris son épée. Il irait se promener dans les jardins, cela lui ferait le plus grand bien. Il était en manque de sommeil, et aussi, de longues cernes s’étiraient en dessous de ses yeux, comme les ailes d’un oiseau orageux. En descendant les escaliers, il songeait que bien des choses et des gens avaient décidés de se liguer contre lui. Il aurait beau se débattre comme un animal en cage, il resterait prisonnier de ce destin décidément bien malchanceux. Il soupira, en inspectant les alentours. Le château était bien silencieux, cette nuit. Aucunes femme de chambre, ni gardes, ni rien. Même les animaux et le vent avait décidé de se taire, comme si le temps lui-même s’était arrêté. Le jeune garçon se déplaçait silencieusement, comme s’il ne devait pas troubler cette bulle de calme et de sérénité. Il inspirait l’embrun nocturne avec délice, et savoura l’odeur légère. Il était seul, aussi, personne ne pourrait le déranger. Pas même Nactias. Il choisissait avec soin de ne pas la croiser trop souvent, et sans réellement s’en rendre compte, peut être qu’il bombait légèrement le torse lorsqu’elle passait, qu’il faisait semblant de ne pas la voir alors qu’il avait grand peine à ne pas se retourner pour admirer sa silhouette fine et svelte. D’ailleurs, il se frappait la tête contre un mur quelques secondes plus tard, essayant de chasser son image de son esprit avant de rentrer dans sa chambre pour hurler comme un hurluberlu. En fait, elle égayait ses journée comme pouvait le plonger dans une dépression la plus profonde. Décidément, il l’hainait.
Hermeien fut cependant tiré de sa rêverie, car il entendit un cri étouffé, dans un couloir voisin. C’était celui qui longeait les jardins. Les colonnes, pour soutenir le lourd bâtiment, faisaient planer leurs ombres fantomatiques sur les murs et le sol de pierre, tandis que la lune laissait elle aussi sa lumière blafarde illuminer les lieux visiblement déserts. Le jeune homme se cacha dans un pan d’obscurité, et tenant prudemment sa main sur la poigne de son épée, il jeta un regard dans le couloir, vers l’origine du bruit, et ce qu’il y vit le fit presque chanceler. C’était Nactias, en compagnie d’un homme. Je vous rassure, ils n’étaient pas là pour compter fleurettes, car celui-ci était en train de l’étrangler. Les tripes de Hermeien se tordirent, c’était comme s’il était à sa place, et que son propre cou était enserré des mains calleuses de l’homme. Il le reconnu tout de suite, il s’agissait de l’ancien maître de l’esclave, qui, semblait il, voulait l’emmener avec lui. Malade de rage, le jeune garçon dégaina son épée, et se précipita sur son adversaire. Surprit, il desserra son emprise, et Nactias pu se libérer de l’étreinte mortelle. Elle se dégagea rapidement, et vint s’adosser contre le mur en toussant. Le maître déchu tenta désespérément de dégainer son arme, mais Hermeien ne lui en laissa pas l’opportunité. Saisissant l’ouverture, il lui asséna un large coup dans le ventre, déchirant son manteau et libérant les tripes de son ventre. Le sang gicla, et une grande partie de celui-ci vint tacher les vêtements du souverain. Le vaincu s’écroula sur le dos, se tordant comme une larve et gémissant comme une fillette. Le Roi le fixa de son regard implacable, lui écrasant les doigts de sa main droite. L’homme hurla de plus belle, mais personne ne viendrait le secourir. Il murmura.
- « Elle est… A moi… »
Dur, le regard de Hermeien devint haineux. Il écrasa les doigts de l’homme de plus belle. Jamais il n’aurait du dire ça, et même les milles souffrances des enfers ne pourrait le repentir du blasphème qu’il venait de proférer. Brandissant son épée, il la lui planta dans le torse, en plein milieu du sternum. Un tremblement d’agonie vint le secouer une dernière fois, avant que celui-ci ne rende définitivement l’âme. Quelques secondes passèrent, des instants qui lui parurent êtres une éternité. Lui, était mort, à présent. Il n’y avait plus rien, qui ne pouvait s’opposer entre lui et elle. La démangeaison, avait enfin disparue. Mais, il savait pourtant, oh combien il el savait, que jamais elle ne s’offrirait complètement à lui. Il serra de plus belle sa prise sur le pommeau de son arme, se mordant la lèvre inférieure pour retenir ses larmes, qui malgré la douleur qui lui transperçaient les entrailles par la honte, l’envie et la souffrance. L’âme par la blessure que lui infligeait sa propre stupidité, et physique, son propre sang commençait à perler le long de ses lèvres, suite à la morsure violente qu’il s’imposait. Malgré cela, il les sentaient, les larmes d’impuissance se déverser sur ses joues. Il répondit au défunt, d’une voix sombre.
- « Jamais. »
Il se retourna, les dernières larmes avaient désertés son regard, qui était maintenant décidé. Il planta son regard doré dans les pupilles écarlates de Nactias, qui se tenait machinalement le cou. Hermeien se dirigea vers elle d’un pas rapide, et prenant son bras pour lui éviter toute fuite, il la plaqua contre le mur. Capturant ses lèvres tant désirées, il lâcha son épée qui tinta sur le sol en retombant. Il passa sa main maintenant libérée dans le bas de son dos, l’obligeant à rester près de lui. La manière douce n’avait pas marché, c’est donc en la forçant quelque peu qu’il parviendrait à ses fins. Il la souleva du sol avec facilité, c’est qu’elle n’était pas bien lourde, et la transporta jusqu’à sa chambre. Combien de fois y avait il songé, à ce rêve fou ? A cet espoir insensé ? Beaucoup de fois. Assez pour en devenir fou. Assez malade en tout cas pour qu’il ne puisse songer à autre chose. Il arriva enfin dans sa chambre, et déposa Nactias sur le lit. Lui couvert de sang, le sang de la personne chargée d’elle il y avait quelques année, et elle, venant d’assister à ce meurtre. Ou à ce sauvetage ? Il n’en avait aucune idée. Et à vrai dire, il n’en avait rien à foutre. Retirant son long manteau taché, il respira l’odeur de la personne tant désirée à plein poumons.
Hermeien ouvrit difficilement les yeux, le soleil entrait en de grands rayons dans la chambre. Il regarda le plafond, le regard hébété. Quelque chose clochait. Ce n’était pas comme d’habitude. Ce n’était pas comme ces longues matinée à traîner dans cette pièce sans réelle présence humaine. Il se releva à moitié, plaquant sa main sur son front. Il était à moitié déshabillé, pour ne pas dire presque nu. Voilà autre chose de différent. Puis, tout lui revint en mémoire. Hier. Le soir. La nuit. Il regarda Nactias, couchée à sa droite, les draps recouvrant son corps tout autant dénudé que lui. Il la fixait de ses deux grand yeux ronds et étonné. Non. Ce n’était pas possible. FATAL SYSTEM ERROR. 404 NOT FOUND. L’url demandé n’est pas attribué. C’était tout bonnement IMPOSSIBLE. Et. Elle. Là. Lui aussi. Dans ce lit. Dans ce même lit. Non, il ne pouvait pas rester ici. Le jeune homme sorti du lit, et préférant ne pas réveiller Nacias, n’ouvrit pas l’armoire à vêtements. Tant pis. Il se rhabilla de la même manière que la veille, certes ils étaient tachés - pour ne pas dire complètements imbibés - de sang, mais il ne pouvait pas rester ici plus longtemps. Dévalant les escaliers, il se précipita vers son bureau. Il avait laissé beaucoup de paperasse s’accumuler, et c’est avec une joie sans borne qu’il s’y plongea sans hésitation. Plusieurs semaines passèrent ainsi, sans qu’Hermeien n’ose approcher ou apercevoir la jeune fille. Ce petit jeu dura, dura, et dura encore. Les mois finirent par passer eux aussi. Ils ne se croisaient jamais, ou presque jamais, et si par malheur cela arrivait, Hermeien enfonçait son visage dans son cou et traversait la distance qui la séparait en de longues et rapides enjambés, et c’est seulement lorsqu’il fut dans un autre couloir, ou une autre partie du château, qu’il soufflait enfin. S’il en avait la possibilité, avant de la croiser, il prenait carrément un autre chemin, bifurquant au dernier moment et évitant donc cette rencontre gênante. Abattant une somme de travail monstre durant la journée, c’est à moitié assommé qu’il partait se coucher. Ainsi, il ne permettait pas à son imagination de parvenir jusqu’à Nactias. Ses journées étaient à présent réglées comme du papier à musique, cette monotonie et cette rassurante assurance du lendemain lui permettait de garder plus ou moins le cap. Savoir que demain se passerait exactement de la même manière qu’hier ou aujourd’hui le rassurait. Seulement voilà, cette tranquille petite mise en place fut bouleversé l’espace d’une soirée, qui suffirait à elle seule pour tout chambouler.
- « Non. Je n’irais pas. »
Le premier ministre se frappa le front du plat de sa main, le jeune souverain avait certes, toujours été borné, mais en cet instant, il ne comprenant pas ses motivations. Il le supplia encore quelques minutes, puis le Roi céda enfin. De quoi parlez-ils, me dites vous ? Et bien, d’un bal qui devait être organisé tous les ans, et dont l’organisation se déroulait au château. Tous les dignitaires et les hommes fortunés de la capitale y étaient conviés, et s’aurait été le comble de l’horreur si le chef d’état ne s’était lui-même pas présenté, alors qu’il en était l’hôte. La fantaisie de cette année était le masque, en effet, tous seraient plus ou moins anonymes et personne ne pourrait reconnaître personne. Enfin, cette seconde partie du jeu le laissa perplexe, sachant que certains ne sauraient taire leurs identités. Évidemment, lui ne pourrait passer inaperçu, ne serait-ce qu’à cause de son costume ce jour là. Et malgré l’anonymat, il y aurait toujours un groupe pour l’importuner. Il réfléchis quelques minutes, et l’illumination vint. Il se frappa légèrement le poing droit dans la paume de sa main gauche, et un sourire satisfait illumina son visage. - Chose qui n’était pas arrivée depuis bien longtemps. - Il ordonna que l’on convoque le couturier, et à l’annonce de son projet, celui-ci se mit à rire. Il parti de la salle, et un air amusé l’auréolait de bonne humeur. Hermeien termina le travail de sa journée avec entrain, et à quelques minutes à peine du bal, il revint voir le travail du couturier. Sa petite fée avait bien travaillée, et il le remercia. La soirée risquait d’être amusante.
La grande salle avait été aménagée exprès pour cette occasion. De longs rideaux écarlates avaient remplacés les draps quotidiens, et d’immenses tables avaient été installées. Les nombreux invités s’étaient scindés en plusieurs groupes qui s’échangeaient les derniers potins et parlaient des nouvelles modes. Le jeune roi entra dans la salle, mais personne ne se retourna. Personne non plus ne le suivit du regard, ou lui accordait une révérence. Il pouffa légèrement derrière son masque, et capta son reflet dans un miroir croché au mur. Ses vêtements étaient d’un noir profond, tirant légèrement vers le bleu marine. Quelques dentelles sombres étaient disséminés sur ses manches et sur son chapeau sophistiquement mais sobrement décoré de plumes. Noires elles aussi, mais possédant comme son costumes, de très légers reflets océan. Son masque enfin, couleur ténèbre, lui recouvrait tout le haut du visage, et malgré le fait que l’on pouvait très bien voir ses lèvres et sa mâchoire, cette tenue insolite et cet ensemble si bien ajusté que l’on ne pouvait le reconnaître. Tout au plus, il pouvait être reconnu comme un marquis distingué ou un aristocrate quelconque, et non pas comme l’organisateur de cette soirée. Il se dirigea vers un groupe de personne, et les salua brièvement, les présentations n’étaient pas obligatoire, ainsi il fut dispensé du pénible exercice que de se trouver une identité valable. Ils reprirent le cours de leur conversation.
- « Et bien ! Notre souverain n’est pas très ponctuel. Et quelle idée de lui donner le trône si jeune… Alors qu’il n’a même pas 18 ans !
- Et qui de plus assidu aurait pu prendre sa place, chère madame ? » Lui susurra Hermeien.
La femme, surprise du ton mielleux de l’inconnu, répondit cependant avec plus ou moins de gêne. - « Et… Et bien. C’est qu’il est jeune. Et nous faisons tous des erreurs, lorsque nous sommes jeunes. »
La stupidité de cette dame l’aurait fait franchement éclaté de rire s’il n’avait pas été devant tant de gens, et cette hilarité se traduisit par un léger sourire sur son visage. Quittant ce premier groupe, il papillonna parmi d’autres durant la soirée entière. Il apprit ainsi à quel point il était aimé - cette phrase est évidemment ironique -, et chaque paroles prononcées contre lui ne lui tirait qu’un léger sourire. Il avait bien fait de venir en inconnu. Puis après quelques minutes, l’orchestre se mit à jouer, et chacun des hommes venait inviter ses dames à danser. Lui, préférait rester en retrait, et regarder ces personnes à la beauté amusante et parfois touchante, qui dansaient avec plus ou moins de dextérité. D’autres encore, faisaient la cours comme des paons. C’est d’ailleurs ces dernières personnes les plus bruyantes, vantant à grands bruits leurs exploits réels ou non, pour attirer la curiosité et l’admiration des jeunes donzelles en chaleur. Ces petits rites le faisaient tristement et nerveusement rire, car dans chaque sourires hésitants, chaque gestes, chaque regards tendres, il reconnaissait sa maladresse et son imbécillité. Il allait quitter la salle, lorsqu il entendit une voix dans son dos :
- « M’accorderiez vous cette danse ? »
Il se stoppa. Cette voix. Ce timbre. Cette espèce de distance imposée et pourtant doucereuse. Ce volupté implacable. Cette douceur cruelle. Non. Ces mots ne lui étaient pas adressés. Ils étaient sûrement destinés à cet homme, là bas, ou alors à cet autre, un peu plus loin. Mais certainement pas à lui. Tous. Sauf à lui. Il n’était rien, et elle lui avait très bien fait comprendre à présent. Il serra les dents. Hermeien. Oh mon Hermeien. Pourquoi es-tu Hermeien. Pourquoi es tu si con quelques fois ? Après tout. Il pouvait toujours quitter cette salle, ici, maintenant, il n’y aurait personne pour le retenir n’est-ce pas ? Il irait se cloîtrer comme une none dans son bureau, en se maudissant d’être venu. Et après avoir passé de longues heures dans celui-ci, tout en s’assommant de paperasses, de regrets et en se frappant la tête une bonne centaine de fois contre le mur avec violence et stupidité. Ensuite seulement il irait se coucher, sans que Son image ne parvienne à percer les ténèbres de sa nuit. Cette même nuit, qui durait depuis presque neuf ans. Et le lendemain, il se souviendrait avec une étrange nostalgie de cette soirée mesquine, à observer le peuple, derrière son masque. Hermeien, portes-tu toujours ce masque d’hypocrisie et de désillusion ? Celui qui malgré le temps, n’ose pas tomber. Je pense, cher ami, qu’il serait sage de le retirer à présent. Cette même mascarade ridicule. Le souverain anonyme se retourna. Nactias se trouvait devant lui. Il lui avait offert beaucoup de robes, et de présents inutiles. Il s’était souvent reproché pareille attitude, mais en la voyant ainsi, parée de fabuleux bijoux et vêtue d’une superbe robe aux teintes noires, dorées et carmins, s’accordant avec délice à ses yeux et ses cheveux de rubis, il ne regretta plus rien. Il ne pipa mot, et son visage ne trahissait aucuns sentiments particuliers si ce n’est une légère surprise, et lui pris la main qu’elle lui tendait. Il eu la très vague impression de voir quelque chose sur ses lèvres, comme un sourire imperfectible, mais ne releva pas. Ils se rendirent sur la piste, rejoignant ainsi la multitude de danseurs déjà présents. Personne ne les regardait, ils ne dansaient pas plus gracieusement que les autres non plus, il n’y avait personne pour former un stupide cercle autour d’eux et de les regarder comme des êtres divins et béats. Ce n’était pas un de ces films de princesses, dans lesquels se rencontrent un prince et une fille sans histoire, et tombent follement amoureux l’un de l’autre sans de pourquoi ni de comment. Il sentait la chaleur terrible qu’elle dégageait, et ses pupilles étaient un étrange mélange de désespoir et de chagrin, mêlés à une mélancolie profonde et une autorité impartiale mais flegmatique. La musique se déroulait, les pas s’enchaînaient, et derrière son masque, il dévorait son regard, ce même regard qu’il avait tant espéré, qu’il se pose un jour sur lui. Hermeien désirait que cet instant se déroule, mais n’en finisse jamais. Danser. Danser. Jusqu’à l’éternité. Le morceau était long, et beau, ayant des consonances étranges et dissonantes. Seulement voilà, le temps passe et s’effiloche. Et ils durent se séparer, tandis que les dernières notes s’envolaient vers la voûte du plafond haut, sur lequel étaient peints des anges. Mais malgré la beauté des lieux, il ne pouvait détacher son regard de celui de Nactias. Mais, malgré cela. L’avait elle reconnu ? Cette question, pourtant primordiale, il n’y avait pas songé. Et se rendre compte que la jeune fille s’était peut être trompée, après tout. Cette soudaine prise de conscience le fit chavirer quelques instants, mais il ne se démonta pas. Ils allaient se séparer, et Hermeien ravaler sa fierté, lorsqu’elle lui prit le bras, le forçant à la regarder de nouveaux. Il eu la sale impression de passer aux rayons X, malgré le fait qu’il savait pertinemment son identité. Elle approcha ses lèvres de son oreille, et lui susurra tout bas.
- « Merci. Mon Roi. »
Un frisson immense lui parcoura l’échine, comme si on venait de poser un glaçon sur son dos. C’est à ce moment là qu’il su, avec la plus grande des certitudes la suite des évènements. Il déposa un baiser sur ses lèvres, qu’elle lui rendit calmement. Les doigts fins de Nactias passèrent autour de son visage, tandis que certains commençaient à remuer dans la foule. Certaines commentèrent derrière leurs éventails, d’autres rougirent, mais tous n’avaient qu’une seule et même envie : Savoir qui était le jeune couple. Ils avaient vu le jeune homme se baladant, dans la soirée, mais la jeune fille quand à elle était restée dans l’ombre d’un rideau, tout aussi écarlate que sa robe. Elle s’était montrée plus discrète, mais certains eux aussi l’avaient remarqué. Sans pour autant savoir son identité. Posées sur son visage, les mains de celle-ci s’attardèrent sur son masque, qu’elle défit lentement. Les rubans de soies tombèrent uns à uns au sol, puis la protection anonyme tomba. Des cris surpris et de protestation gagnèrent la foule, amassée cette fois dans un espèce de cercle difforme et lointain. Le regard doré de Hermeien s’ouvrit enfin aux lumière, ses cheveux noirs tombants en bataille autour de son visage et de ses pommettes. Le Roi dévoilé pris la demoiselle par la main, et commença à courir. Voyant qu’avec ses talons elle avait un peu de mal à suivre, il l’a pris dans ses bras, traversant couloirs à toute vitesse et essayant de se perdre lui-même dans cette multitude. Il ne retournerait pas dans sa chambre, c’était justement à cet endroit qu’ils iraient le chercher et attendraient des explications. Il réfléchis quelques secondes encore, puis parvint à la conclusion que le bureau serait un endroit plus tranquille. En effet, quelques semaines plus tôt, il avait fait installer une serrure sur la porte, ayant en horreur les passages en coup de vent de personnes diverses et variées. Il referma la porte derrière eux et jeta la clé à terre, qui comme l’épée la dernière fois, tinta au sol légèrement. Attirant Nactias contre lui, il l’embrassa une nouvelle fois, et alors qu’il envoyait en même temps valdinguer le bureau d’un grand coup de pied, il l’allongea sur le tapis juste en dessous. Les papiers de bureaucrate et des traités quelconques volèrent en une magnifique pagaille dans la pièce, et le lourd meuble en bois avait justement souffert de cette soudaine et inopinée chute. Et tandis qu’il retirait le masque de la jeune fille, ils entendit des bruits de pas précipités dans le couloir. Les autres invités n’avaient pas perdus de temps, et il imaginait sans peine les femmes essayant de les retrouver pour les surprendre. En ce moment même, le château devait ressembler à une grosse chasse au trésor. Tant pis, lui avait du attendre presque dix ans pour le trouver, ce rubis étincelant. Eux pourraient patienter quelques heures.
Le matin. Encore. Les deux amants n’étaient pas encore réveillés, ils étaient à l’ombre du bureau renversé, les protégeant ainsi des rayons du soleil entrant par la fenêtre. Leurs corps étaient couverts de débits de vêtements, féminins et masculins confondus, et leurs deux visages n’étaient qu’expression calme et légère. Les invités les avaient trouvés, mais c’est en vain qu’ils avaient cherché à ouvrir ou forcer la porte massive. Leur entreprise abandonnée, ils rentrèrent chez eux déçus et excités de cette nouvelle étrange et fracassante. Les gardes n’avaient pas pris la peine de surveiller la porte, le Roi devrait s’expliquer et sa nouvelle compagne de même, tôt ou tard. C’est d’ailleurs cette dernière qui se réveilla en première, ses yeux papillonnèrent quelques secondes avant que son regard ne se stabilise et qu’elle ne regarde Hermeien, assoupi à sa gauche. L’ombre d’un fugace sourire sembla apparaître sur son visage, mais ce ne fut qu’un mirage éphémère, et son existence même pouvait très bien être remise en cause. Elle caressa légèrement la jour du garçon, du bout de ses doigts fins, et contempla la pièce saccagée.
Il est temps de me retirer à présent, et de laisser le destin faire ce pourquoi il a été fait.
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Dernière édition par Hermeien le Ven 24 Juin - 14:08, édité 9 fois |
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HI I'M Aeriya N. Caewyn FONDATRICE • CRONOS
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HI I'M Catalane STAFF • PNJ
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| Sujet: Re: — ❝ Hermeien Lun 20 Juin - 16:25 | |
| Bienvenue sur le forum ^^ En espérant que celui-ci te plaise. Si tu as des questions n'hésite pas à nous les poser le staff est là pour ça. |
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HI I'M Hermeien ROSE NOIRE
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| Sujet: Re: — ❝ Hermeien Lun 20 Juin - 17:07 | |
| Merci de l'accueil 8D.
J'ai posté le caractère, ne manque plus que l'histoire. Cependant, je traverse une période d'examen, et je ne serais pas là en juillet - cause : un voyage familial - et il me sera impossible d'avoir accès à l'ordinateur... Si possible, pourriez vous lancer l'évent Airship sans moi pour le début ? +__+ Cela me gêne assez, mais il m'est impossible de faire autrement. |
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HI I'M Lucyas C. Kalriiel STAFF • ROSE NOIRE
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| Sujet: Re: — ❝ Hermeien Lun 20 Juin - 18:04 | |
| Bienvenue à toi *O* Bon courage pour ton histoire =) Je pense pas que ça posera de problème ;) Ae' fera sans doute jouer Hermeien comme un PNG le temps de ton voyage :) |
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HI I'M Aeriya N. Caewyn FONDATRICE • CRONOS
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HI I'M Hermeien ROSE NOIRE
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| Sujet: Re: — ❝ Hermeien Lun 20 Juin - 18:15 | |
| Je pars du 3 au 20 Juillet, et du 4 au 14 Août ( en août, j'aurais peut être l'ordinateur ).
Je termine cette présentation le plus vite possible, sachant que la semaine prochain, j'aurais un emploi du temps digne d'un ministre D8<.
Lucyas - Merci 8D. |
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HI I'M Aeriya N. Caewyn FONDATRICE • CRONOS
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| Sujet: Re: — ❝ Hermeien Lun 20 Juin - 18:25 | |
| J'aurais juste une question, pour le test Rp, je peux mettre quelque chose de déjà existant ? Sachant que c'est une nouvelle que j'ai écris début juin, elle ne date pas de trop longtemps, et ça vas me permettre de juste terminer l'histoire - qui sera déjà assez conséquente T_T -.
Merci pour la partie évent (:. |
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HI I'M Aeriya N. Caewyn FONDATRICE • CRONOS
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| Sujet: Re: — ❝ Hermeien Lun 20 Juin - 19:55 | |
| Test rpPar manque de place, je le met ici. - Spoiler:
Ce récit est une oeuvre de pure inspiration. Par conséquent toute coïncidence ou ressemblance avec des personnages réels n'est ni fortuite ni involontaire.
Introduction - Désenchantement. Chapitre I - Gula. Chapitre II - Acedia. Chapitre III - Invidia. Chapitre IV - Fornicatio. Chapitre V - Superbia. Chapitre VI - Avaritia. Chapitre VII - Ira. Chapitre final.
Que savez-vous réellement sur la fin du monde ? Que savez-vous réellement sur la mort ? Sur votre mort, et ceux de vos proches ? Vos amis. Vos amants. Vos conquêtes. Vos déceptions. Vos ennemis. Ou encore ceux que vous ignorez, comme de vulgaires larves anthropophages. Ces mêmes laves qui raclerons vos os, aspirerons votre moelle, se délecterons de votre cervelle, tout cela, lorsque vous ne serez plus qu’un cadavre sous la terre. Que nous soyons pauvres, riches, bons, avares, mauvais, prétentieux ou encore décadents. Comment finissent les hommes, qu’importe leur foi ou leur vies ? Ils finissent tous de la même manière, passant le reste de leur mort sous l’état de coquille vide, puis de charogne infâme, de squelette et finalement de poussière. Qu’importe que le peuple scande votre nom dans les rues, qu’importe que vous ne creviez seul et oublié sur les pavés nus, qu’importe l’amour que vous porte les hommes autour de vous. « Jusqu’à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise. »
Nous verrons comment les humains, peuvent crée la fin de leur monde.
Le ciel était d’une couleur pourpre, ce jour-là.
Les voitures relâchant de lourdes fumées noires roulaient à vive allure sur l’autoroute, au bord de laquelle étaient entassées de nombreux papiers gras, cartons, canettes, carcasses de ferrailles non identifiées. Il devait être 8h du matin, à ce moment précis, et personne d’autre que la jeune fille dans la voiture grise n’avait visiblement remarqué la teinte étrange des cieux. Personne, car tous engoncés dans leurs habitudes, leurs travail, leurs petites mimiques quotidiennes. Les pères de famille étaient concentrés sur leur volants et la route, les mères tant qu’à elles mettaient leur maquillage de dernière minutes, tentant peut être de séduire le fleuriste, le boulanger, ou même l’instituteur de leurs enfants, que sais-je. Non, personne, personne ne voyaient les nuages s’amonceler, noirs, au-dessus de l’horizon, et les nuances sanglantes qui éclaboussaient de leurs rayons inquiétants les arbres et les sols. Le matin venait de se lever, et pourtant, l’atmosphère était crépusculaire. Presque apocalyptique.
La fille était enfin arrivée dans son établissement, rapidement éjectée de la voiture par son père, bien trop pressé pour aller au travail. Il ne lui avait pas même dis au revoir, ce jour-là. Pas même un signe, ou la moindre bise. Qu’importe, il devait partir, et ils se reverraient ce soir. Ses géniteurs seraient tout deux plantés comme des quiches devant la télévision, en fixant de leurs orbites vides une émission stupide avec une pimbêche blonde faisait apparaître des lettres qui disaient les candidats. Après tout, tout, absolument tout était normal. Non ? Ah; et voilà que ces amis normaux viennent à sa rencontre. Ils rient, se font la bise, inventent des blagues stupides de leurs cerveaux pourris d’insectes et de larves purulentes. Je pourrais presque dire à la fille brune et un peu stupide devant moi « Fais attention, je vois une termite sortir de ton oreille ». Ces mêmes monstrueuses bêtes, qui dévorent ce qu’il reste de leurs cervelles mortes.
La sonnerie retentie, les bruits de centaines de milliers de pas font presque trembler le bâtiment gris. Les couloirs sont sales, peu entretenus, des taches d’une substance non identifiée coulent le long des murs quelques fois. Mais tout le monde s’en fiche, il y a juste ces hommes, marchant comme des bêtes ivres vers des pièces où ils sont entassés, où l’odeur du cours précédent embaume encore l’air de son odeur pestilentielle et où ils sont censés apprendre. Apprendre quoi en fait ? Ça aussi, je n’en sais rien. Ils subissent juste les caprices des adultes, les insultes et les coups des plus âgés, les railleries des plus jeunes se prenant déjà pour des grands, les bassesses de la vie et les colères des mauvais jours de ceux qui dirigent ce petit monde plein d’adolescents. Une sorte de communauté à part entière, une mini ville, avec ses dealers, ses présidents, ses ingénieurs, ses putes, ses cons, et toute la ribambelle de personnalités toutes aussi affligeantes les unes que les autres. Ce monde. Et tout ce qui l’englobera, sera bientôt réduit à néant. A quelques centaines de mètres de là, se trouve un autre grand bâtiment. Personne n’y met jamais les pieds, c’est un gros bloc de ciment entouré de fils barbelés. Ce qu’il y a à l’intérieur ? Personne ne l’a jamais su. Certaines rumeurs disent que c’est une propriété de l’armée. D’autres que c’est un lieu déjà abandonné, et le reste des personnes ? Elles s’en fichent. Après tout, ce n’est pas leur problème. Ils n‘ont que faire d‘une vieille ruine, certes inquiétante mais en ruine tout de même. Ou que sais-je encore. Cette ombre immense se dressait sur une colline, la distance exacte qui la séparait de l’établissement scolaire ? Pour être tout à fait honnête avec vous, je n’en ai pas la moindre idée. Deux cent ? Trois cent mètres ? Pas plus de cinq cent en tout cas. Mais peu important aux adolescents, ce n’est pas comme si c’était leur vie qui en dépendait, de savoir ce genre d’informations futiles. Futiles.
Futiles. Comme ces milliers de chiffes parcourant le tableau. Racine carré. Divisions. Multiplications. Équations sans queue ni tête. Tellement inutiles, que la jeune fille regarde par la fenêtre, ne prêtant aucune attention aux gesticulations du professeur agacé par le désintérêt des élèves vis-à-vis de son cours. Le menton posé sur sa main, et son coude contre la table, elle regarde les nuages se mouvoir au-dessus du ciel, comme de grandes mains griffues. Les nuances rougeâtres du ciel se reflétaient dans son regard vert, donnant des lueurs parfois dissonantes et étranges, entre le chaud du flamboiement les cieux, et le froid de ses yeux. Elle eut un long soupir, et se retournant, elle contempla avec un vague ennui ses camarades de classe.
La première, Angelis. Une fille plutôt mignonne. Sympathique, ouverte. Quoique légèrement timide et renfermée sur elle-même. Les deux filles se connaissaient depuis longtemps, et avaient de la sympathie l’une pour l’autre. Si l’adolescente avait un devoir en retard, ou alors quelque chose à faire mais elle n’avait pas envie de se bouger les fesses, elle s’adressait à Angelis. A ce moment précis, lorsqu’elle croisa son regard, la jeune fille se renfrogna dans ses épaules, comme se ratatinant sur elle-même. Elle au un sourire étrange, sur ses lèvres fines. Angelis avait souvent ce genre de réactions, un peu bizarres, depuis quelques temps. Les joues légèrement rosies, et ce visage un peu rond encadré par une coupe de cheveux mi longue, et des yeux grisés.
La deuxième personne qu’elle regarda était une adolescente aux cheveux noirs, et avec des mèches blondes vers le bas de ses cheveux. Ses yeux étaient fatigués et cernés d’un maquillage noir, mais son regard gardait tout de même une certaine vivacité. Comme brûlant d’une intense envie… Envie de quoi en fait ? On ne le savait pas réellement. Elle était juste là, présente, avec cette niaque des gagnants. Cette fille, c’était Ève. Ève. La pulpeuse. Celle qui ne manquait jamais de faire des blagues salaces et a très fortes tendances pornographiques. Ou alors qui laissaient planer le doute quant à ses réelles ambitions. C’était Ève. Tout simplement.
La troisième était une fille de taille moyenne, habillée avec un pantalon déchiré et des piercings de çà et là. Ses cheveux étaient courts, avec des teintes violacées par endroit. Elle avait une croix noire, à ras le cou, et regardait les cours de ses grands yeux clairs et vides. Sa peau était pale, et ses longs doigts squelettiques se terminaient par des ongles noirs et rongés. Cette fille-là, elle ne parlait pas beaucoup. Mais vous savez, on peut en savoir beaucoup sur les gens sans qu’ils aient besoin de parler. Renfermée sur elle-même, la fille au regard vert ne savait pas beaucoup de choses sur elle, enfin, mis à part son attitude et son physique, elle connaissait au moins son nom. Nox.
La dernière fille était une autre fille aux cheveux noirs, ceux-ci étaient d’une longueur effrayante, au moins arrivant jusqu’au bas de son dos. Sa peau était d’une pâleur à faire baver une colombe, et ses ongles étaient aiguisés comme des griffes, parfaitement rouges, tout comme ses lèvres fines. Son cou était comparable à celui d’un cygne, et à celui-ci pendait une chaînette argentée. Cette fille, c’était Hevel. Délicate, cyniques quelques fois, on pouvait deviner une sauvagerie en elle, comme si elle tentait de la dissimuler. Elle avait toujours un étrange sourire, sur les lèvres. Comme moqueur. Elle avait les yeux bleu glace, qui vous fixait quelques fois, sans que vous ne sachiez pourquoi. C’était ça. Hevel.
La sonnerie retentie, et les élèves sortirent enfin des salles de classes en sureffectif. Tous se bousculaient dans les couloirs débordant d'âmes, et dont le nombre ne cessait d'augmenter. Sortant péniblement dans la cours, les personnes autour de la jeune fille remarquaient, uns à uns, la couleur inquiétante du ciel. On voyait bien les murmures, les visages, les messes basses échangées entre chacun des adolescents. Certains arboraient une mine fière, tel un Napoléon conquérant, pointant un doigt décidé vers le ciel décidément bien capricieux. D'autres, plus réservés, gardaient une mine soucieuse, parfois inquiète. Que pouvait-t-il se passer, là-haut ? Alors que les nuages d'un noir de jais faisaient ramper leurs ombres inquiétantes sur les murs, et dont les formes pouvaient faire penser tantôt à des serpents, tantôt à des démons, des bêtes ou alors des rampants. Le soleil blafard se voilà quelques secondes, plus aucuns bruits ne daignaient s'émettre. Tous avaient de grands regards perdus, tournés vers le ciel, comme attendant leur jugement. Ils avaient tous comprit. On ne sait pas par quel miracle. Mais ils avaient compris. Il y eu un craquement sinistre.
Puis ce fut l'Apocalypse.
Une secousse terrible frappa la terre et ébranla le bâtiment, des hurlements de terreur se firent entendre un peu partout. Les adolescents se bousculaient, littéralement happés par la peur et par leur instinct de survie. Ils marchaient sur les plus faibles, jouaient des coudes, donnant de grands et larges coups de poing à droite à gauche, beuglant leur angoisse, s'élançant à corps perdus dans des directions différentes. Mais pour aller où, dites-moi, mes enfants ? Le sol se fissurait dans le béton gris, et le bâtiment scolaire s'effritait sous la violence des secousses terrestres. De larges fissures, comparables à des plaies humaines, s'ouvraient, larges, dans le ciment de la cours et même dans le gazon. Les malheureux que la fatalité avait décidé de faucher les emporta dans ces longues ouvertures souterraines, tout droit en enfer. Le vent d'ouest se leva, soufflant fort, et charriant des milliers de particules de poussière. Comme une onde de choc, qui se propage à une vitesse vertigineuse. La peur tordait les entrailles de chacune des personnes présentes, et les éléments naturels semblaient s'être ligués contre le monde entier, dans cette fin qui faucherait les hommes, les bêtes et la nature elle-même. Tous courraient, sans exception, même la jeune fille qui détaillait avec tellement d'attention ses camarades ce matin-là. De longues larmes coulaient sur ses joues, en prenant la poussière voletant dans l'air saturé de chaleur. Désorientée, elle failli hurler à la mort lorsqu'une autre main attrapa la sienne. Elle reprit cependant son calme, en reconnaissant sa propriétaire. Il s'agissait d'Angelis, la même qui était assise sur cette chaise, dans cette salle de classe, quelques minutes plus tôt. Mais en beaucoup moins calme. Ses yeux étaient comme brouillés d'indéfinissables sentiments de terreur, de soulagement et d'angoisse, comme un animal traqué. Les deux jeunes filles partirent toutes deux dans la même direction, dans ce chaos le plus total. Plus loin, elles virent toutes deux Nox, faisant une roulade spectaculaire en évitant de très peu, trop peu, un précipice qui s'était formé sous ses pieds. L'adolescente lui prit l'avant-bras et la tira avec elle dans cette course folle. Nox déchira un peu plus son pantalon qu'il ne l'était déjà en se relevant péniblement, et les suivit sans comprendre le pourquoi du comment. Elles longèrent toutes trois un mur partiellement détruit, et eurent dans leur champ de vision les deux autres adolescentes du matin, dans cette salle de classe. Hevel et Ève. Leurs regards étaient des lueurs déterminées, et leur foulées étaient formidablement assurées. Nox pointa du doigt la destination de ces deux camarades, et beugla quelque chose qui fut littéralement balayé, écrasé, par le chaos environnant. Malgré le manque de paroles, Angelis et l'autre jeune fille avaient parfaitement comprit où elle voulait en venir, et leurs regards suivirent l'indication. Il s'agissait du fameux bâtiment blindé, derrière le stade de foot, sur la colline. Pourquoi chercher à se battre ? Pourquoi continuer de chercher à vivre, ou survivre ? Comment pourrais-je répondre à cela. Je n'en sais rien. Instinct de survie ? A moins que les hommes n'aient autre chose à prouver ? Après tout. Ils n'avaient plus rien à perdre.
Hevel croisa le regard des autres jeunes filles, et tout en continuant de courir, leur adressa un grand signe de main, leur signifiant de les suivre. Elles continuèrent leur course folle, traversant le terrain de foot qui se désagrégeait comme une banquise à l'heure du réchauffement climatique. Des pans entiers de terre s'effondraient dans des craquements sinistres, et des bruits de succion abominables. Comme si la terre s'avalait elle-même. Sautant au-dessus des gouffres, la jeune fille qui tenait Nox par les bars essaya de calculer à quelle distance exacte se trouvait de bunker. Son cerveau tournait à plein régime, aveuglé par la peur. Elle n'arrivait qu'à des résultats fous ou incompréhensibles. Tantôt elles y arriveraient en quelques secondes, tantôt leur refuge leur serait inaccessible, et elles mourraient ici, avalées par l'enfer. Pas de temps de réfléchir plus que ça, elles avaient déjà dépassé le terrain de foot. Arrivant sur le flanc de colline, elles grimpèrent le plus rapidement possible avant d'entendre une immense onde de choc, qui les planquèrent au sol. La déflagration fût si violente qu'elles sentirent, même de leur emplacement, la chaleur brûlante de flammes.
Elles virent la carcasse défoncée de l’établissement, coulant lentement mais sûrement dans le fin fond des entrailles de la terre. On pouvait presque l’assimiler à un Titanic, s’engouffrant inéluctablement dans les eaux profondes des océans. On pouvait presque apercevoir les salles de classe, penchées presque à la verticale, donnant un aspect étrange et presque dérangeant à l’endroit. La bombonne de gaz devait avoir explosée, car de larges flammes orangées dévoraient avec avidité les murs, les sols et les hommes se trouvant à proximité. Ceux-ci, de loin, ressemblaient à de ridicules petites étincelles dansantes, et poussant des cris de déments. Ils étaient minuscules et brûlants, ces points rougeâtres, dans l’Apocalypse du monde. Un bien maigre mais coûteux sacrifice, en somme. Reprenant leurs maigres courages, les rescapées gravirent le reste de la distance avec difficulté, s’écorchant contre les barbelés désagrégés par les déformations du sol. Et enfin, après plusieurs minutes de combat, elles arrivèrent enfin aux portes du bâtiment blindé. De près, cela paraissait encore plus impressionnant. Les portes étaient faites dans un acier clouté, et au moins aussi solides que celles des châteaux forts, mais fragilisée par les secousses et les retournements du sol. Il s’était créé un minuscule passage, assez grand pour faire passer un homme. Les adolescentes entrèrent hâtivement dans le bâtiment, et refermèrent le passage avec un pied de biche. Ce fut l’obscurité totale.
Et le cauchemar commença.
L’endroit sentait le white spirit et le détergeant. Le couloir était quand à lui, plongé dans l’obscurité la plus totale, et elle butèrent sur de nombreux obstacles avant de trouver l’interrupteur qui alluma la lumière pale des néons, disséminés un peu partout dans le couloir. Elles purent enfin souffler un peu, au milieu de ces évènements tumultueux. La destruction extérieure n’était ici qu’un grondement sourd, et faisaient trembler la bâtisse à une fréquence régulière. Elles se contemplèrent quelques instants, comme pouvant s’observer dans le regard des autres, et avec la même expression de peur au fond des yeux. Couvertes de poussière, les genoux écorchés et des perles de sueur coulant le long de leurs tempes et de leur cou, dégoulinant le long de leur dos. C’est Ève, qui pris la parole en première.
- « Putain. »
Il y eu un long silence, et la jeune fille aux yeux verts reprit :
- « Faut trouver un endroit où s’abriter, c’est un bâtiment blindé. On devrait pouvoir s’en sortir, le temps du tremblement de terre. »
Nox eu un rire mauvais.
- « T’en connais beaucoup des tremblements de terre qui font ça toi ? On n’est pas plus en sécurité ici que dehors. On va juste rallonger nos espérances de vies d’à peine quelques heures, si on a de la chance. »
Angelis répliqua :
- « On ne peut pas savoir, Nox, alors dispense nous de tes commentaires. »
Un autre silence s’installa, plus pesant encore que le premier. C’est Hevel qui prit l’initiative que tout le monde attendait.
- « Venez. On ne peut pas rester ici. »
Elle s’engouffra dans le couloir faiblement éclairé, presque sombre, et les autres ne tardèrent pas à la suivre. Les lieux étaient plutôt bien entretenus, à première vue, mais les meubles étaient renversés et de nombreux papiers traînaient à terre, fruits des tiroirs éventrés. Parfois, il fallait carrément déplacer une armoire qui barrait le chemin. Après quelques minutes, elles trouvèrent un embranchement, indiquant deux chemins différents. Celui de gauche, était indiqué « Cellules », et celui de droite, « Bureaux ». Elles restèrent perplexes devant les écriteaux. Cellules… Nox passa devant Hervel et prit la direction de droite, visiblement peu convaincue par celle de gauche. Elles s’engagèrent donc toutes dans le couloir « Bureaux », dans lequel se trouvaient de nombreuses plantes vertes déracinées de leurs pots et dont le terreau s’était répandu un peu partout sur le sol nu et blanc. Il y avait aussi quelques chaises déformées par les secousses, et des restes de magasines humides et déchirés. Il n’y avait plus beaucoup de lumière, dans ce bunker, et si l’alimentation tressautait quelques millièmes de secondes, le courant se rétablissait toujours tant bien que mal. Puis, elles aperçurent enfin une porte. Une simple indication en plastique, et des lettres en caractère d’imprimerie. « Direction. » Était-ce la curiosité, qui les avait poussées jusque-là ? Qu’importe. Avalant difficilement sa salive, Ève poussa la poignée de la porte et entra. Appuyant sur l’interrupteur, la lumière d’un néon blafard et hésitant apparue après quelques secondes. La pièce apparue enfin sous leurs yeux : Petite, celle-ci devait avoisiner les dix mètres carrés, au fond se trouvait une espèce de fenêtre étrange, cachée par un store fermé. Il y avait aussi une armoire renversée, qui s’était brisée sur le bureau en bois massif. Des centaines et des centaines de papiers s’en étaient échappés, traînant au sol, inutiles. Hevel s’avança, et monta sur le bureau avant de s’asseoir derrière, sur une chaise de cuir visiblement confortable. Ouvrant un tiroir, à sa gauche, elle prit une pile de documents visiblement important avant d’y jeter un coup d’œil. Désintéressée, elle les jeta par terre après les avoir rapidement parcourus. Les autres adolescences firent de même, et dévalisèrent ainsi tous les meubles de la pièce. Chercher. Quel était cet endroit. Des plans peuvent être. Qu’importe. Et elles trouveraient. C’est Ève, qui enfin, leva une main victorieuse.
- « AH ! AH ! »
Les regards se tournèrent vers elle, la jolie brune brandit fièrement un dossier beige, avec un seau étrange posé dessus. Le posant sur la table, elle l’ouvrit. Il y avait une multitude de dossiers à l’intérieur, divisé en des catégories distinctes. Sur la page d’avant-garde se trouvait un tampon « Confidentiel », ainsi qu’un seau de l’armée. Nox haussa un sourcil, et tourna la page deux. Il s’agissait d’une présentation d’un établissement, c’était un vieux document, écrit à la machine. Les coins étaient abîmés, et la feuille sentait légèrement le moisi. C’était une lettre, visiblement signée d’un haut gradé de l’état à un militaire.
« Cher monsieur Hernaux.
La construction de la prison 562 est bientôt achevée, les prisonniers numéros 78, 92, 51, 99 et 34 seront bientôt eux aussi prêts au transfert. Les autres ne devraient pas poser réellement de soucis, mais je vous corresponds ci-joint les dossiers des cinq criminels potentiellement dangereux. Il en va de la sécurité du pays qu’ils restent sous les verrous, je vous fais confiance en ce qui concernera les conditions d’enfermement, et les hommes que vous embaucherez dans cette aile du bâtiment. Soyez donc attentif à chacun de leurs mouvements.
Je vous adresse, Monsieur Hernaux, mes salutations les plus distinguées. John Heartfield. »
Ève lâcha la feuille, comme si elle fut maudite par un quelconque maléfice. Ses yeux semblaient affolés, et elle recula vers la fenêtre, appuyant dur le bouton du store. Celui-ci l’ouvrit brutalement. Le paysage qui apparut devant eux leur retourna les entrailles.
Ce n’était pas réellement une fenêtre menant sur l’extérieur, ni un simple trompe l’œil. Mais bien un panorama vers l’intérieur du bâtiment, bien plus immense qu’il n’y paraissait. C’était une gigantesque salle, constituée de plusieurs étages en mezzanine. Il devait y en avoir quatre, et était composée de plusieurs centaines de cellules. Chacun des balcons étaient constitués de plusieurs centaines de petites pièces, disposées étroitement mais efficacement. Des lumières déglinguées éclairaient l'endroit d'une clarté quasi maladive, et quelques fois même, celles-ci étaient cassées. Des cellules. Les fameuses cellules. Si certaines étaient vides, d'autres au contraire laissaient deviner des silhouettes inquiétantes et flaméliques, parfois à l'allure étrange, comme recourbées sur elle-même. Si certains hommes s'accrochaient à leurs barreaux en les secouant de leurs dernières et maigres forces, d'autres laissaient leurs ombres terrifiantes planer vers le couloir du dehors, sans pour autant être visibles eux même. Et après une minute de silence complet, il y eu un craquement sinistre et une secousse, plus violente que les autres cette fois, qui raisonna dans le bunker tout entier. Toutes les lumières s'éteignirent.
Et elles entendirent le bruit lointain de l'ouverture des cellules, sonnant comme le glas de leur destin.
Angelis gémit dans le noir, et toutes étaient littéralement transies par la peur. Hevel parla et s'activa dans le noir.
« J'ai vu une lampe torche, tout à l'heure. On la prend et on dégage vite fait bien fait d'ici. »
Elles cherchèrent quelques minutes à tâtons dans le noir, et après quelques déceptions infructueuses, un faisceau jaunâtre s'alluma dans la pièce. Toutes sursautèrent, et même Ève qui avait la lampe dans la main. Finalement, elles ressortirent de la pièce. Si le couloir était peu engageant il y avait quelques minutes, à la lumière des néons, il était carrément terrifiant lorsqu'il était seulement éclairé par la lueur vacillante de la lampe. Hevel déglutit, en tête, et elles commencèrent à avancer. Elles devaient à présent se dépêcher, car leur seule longueur d'avance sur les tueurs n'étaient que la misérable source d'éclairage dont elles disposaient, et qui les guidaient comme des insectes dans la nuit. Rien n'avait changé pourtant, les plantes vertes étaient toujours les mêmes que tout à l'heure, mais tout comme les chaises renversées, elles déployaient leurs formes mouvantes et déformées sur les murs nus, ce qui les faisaient sursauter à chaque pas ou presque. Malgré le fait qu'elles se dépêchaient le plus possible, faire le trajet du retour fut plus laborieux et plus tendu que celui de l'aller. Plus prudentes et à cran, les adolescentes étaient tiraillées entre l'idée de se mettre à courir comme des folles pour sortir de cet enfer pour y retourner aussi sec dans un autre, et entre le fait qu'elles devaient tout faire pour ne pas se faire repérer. Le petit groupe arriva enfin à l'embranchement menant aux cellules et à la sortie, et elles s'empressèrent d'aller dans la seconde direction. Combien restait-t-il avant la porte salvatrice ? 15 ? 20 mètres ? A peine plus, mais pas moins. C'est alors qu'un rire retenti, effrayant dans ce couloir sombre.
« De jeunes brebis se seraient elles égarées ? »
Leur sang se glaça, personne n'osa bouger. La voix semblait venir de devant comme de derrière, et les échos se répercutaient avec tellement de facilité que l'on pourrait penser que l'homme vous murmurait à l'oreille. Rien pourtant ne semblait se mouvoir autour d'elles, et aucuns autres bruits de pas autres que les leurs ne s'étaient fait entendre. Cela ne voulait dire qu'une seule et unique chose: La personne les avaient attendues ici. Pile à la sortie. Ève recula, mais Hevel lui interdit d'aller plus loin en lui prenant fermement d'avant-bras. L'éclaireuse illumina le chemin parcouru de sa lampe torche, mais qu'importe l'endroit, la faiblesse de l'appareil ne perçait qu'à de très grandes difficultés les ténèbres. A nouveau le rire se fit entendre, moqueur cette fois. Évidemment, si Hevel tenait la lampe, tout le petit groupe faisait une cible idéale. Cible à quoi ? Elles n'en savaient rien, et elles ne voulaient pas le savoir. Elles entendirent un bruit d'armement étrange. Comme une chaine de vélo. Mais en plus violente. Ce n'était pas un fusil. Ce n'était pas non plus un revolver, et encore moins une arbalète. La chose émit un nouveau bruit, de fil que l'on tend, que l'on prépare. Le petit groupe commença à reculer à la même vitesse, lentement, très lentement. Vers l'embranchement des deux couloirs, car à présent elles savaient. On les avaient joyeusement attendues à la sortie. Quelques secondes passèrent ainsi, puis enfin, la gâchette fusa, et Hevel fit face.
Il faisait chaud, ce jour-là. Les oiseaux chantaient leurs chants d'été, et les milliers d'insectes reprenaient en cœur eux aussi cette symphonie estivale. Un long chemin parcourait la forêt, un chemin de terre, avec de chaque côté deux traces de pneu parfaitement rectilignes. C'était comme si la même voiture avait laissé sa marque indélébile dans le sol brun dessécher. Des papillons voletaient de çà et là, et lorsqu'ils se rencontraient, ils effectuaient un bout de trajet ensembles avant que leur route ne se sépare de nouveau. Deux enfants marchaient sur ce chemin, le premier était un petit garçon aux grands yeux clairs, et à la coupe de cheveux en bataille, sautillant sur le sol et les cailloux. Il marchait comme un funambule sur une des traces de pneu, et essayait du mieux qu'il pouvait de se tenir à ce chemin, s'imaginant sans doute sur une minuscule planche de bois avec en dessous de cette même planche et seule attache, un vide immense s'ouvrant sous ses pieds. Alors que quelques secondes plus tard, il essayait d'attraper une bête quelconque en ayant oublié le fameux précipice qu'il s'était imaginé quelques secondes auparavant. Il chantait des comptines étranges, avec des faux accents d'autrefois, et bouchant ses trous de mémoires avec des « Lalalalaaaaa » parfaitement orchestrés. Le deuxième enfant était une fille, elle avait les cheveux couleur aile de corbeau et par complète opposition au garçon, était morose et visiblement s'ennuyait à mourir. Elle shootait quelques fois dans un caillou, qui partait à quelques mètres devant elle, et lorsqu'elle le rattrapait, d'une manière ou d'une autre, l'envoyait valser magnifiquement sur le chemin, répétant ainsi la même opération durant ces instants en forêt. Ils devaient avoir entre sept et douze ans, mais la fillette devait être légèrement plus âgée que son frère, car en effet, c'était bien le siens. Elle fixa le ciel quelques instants, et regarda sa montre. Elle dit au petit garçon devant elle :
-« Faut rentrer. Fait trop tard, je risque d'encore me faire punir si je ne te ramène pas. - Allez Heeev', s'il te plaît ! Demain on repart à la maison et après, les vacances sont finiiiiiiiies. Je veuuux paaaaas. Allez. S'il te plaiiiiiis. On reste encore un peu. Dis dis dis. On reste un peu hein ? »
La fille rempocha sa montre. Évidemment qu'ils pouvaient rester, elle se fichait royalement de la fameuse punition. Mais elle devait se plier aux moindres désirs de son frangin de toute manière, sinon ses parents engueuleraient encore plus que s'ils rentraient plus tôt. « Fais plaisir à ton frère, Hevel, donne ton dessert à ton frère, Hevel, fais les devoirs de son frère, il n'y arrive pas, débarrasse la table, Hevel. » C'était comme ça depuis longtemps déjà, et elle ne pourrait rien y changer. Mais Dieu qu'elle aimerait que ce frère si parfait disparaisse, qu'il arrête d'accaparer les préoccupations de ses parents et qu'ils se rendent compte qu'elle faisant tant d'efforts pour lui, parce qu'il lui le demandait. Mais maintenant, elle était prise dans cette spirale infernale, et elle ne pouvait s'en défaire. Elle le haïssait, ce frère si petit et si parfait, qui ne se rendait lui-même pas compte à quel point elle passait pour une imbécile, à ses côtés. Ils restèrent donc une heure de plus sur le chemin, et la nuit commençait à tomber sur la campagne. Hevel demanda à son frère de rebrousser chemin, ils ne seraient pas chez eux avant deux longues et très grosses heures, de toute manière. Le garçon commença à pleurer lorsqu'il lui avoua avoir mal aux jambes, et elle le prit sur son dos. Il émit un petit gloussement pathétique en s'installant, et lui hurla « ALLEZ UH BOURRIQUE » dans les oreilles. La jeune fille fit la grimace mais commença à marcher. Une heure passa comme cela, et alors qu'ils étaient à mi-chemin, ils rencontrèrent une voiture qui s'arrêta. En sortirent deux hommes avec deux grands sourires pendus à leurs lèvres.
- « Regardez-moi ça, qu'ils sont mignons ces enfants. Vous voulez qu'on vous ramène chez vos parents ? »
Hevel émit un grognement et essaya de passer devant, mais une main immense se posa sur son épaule. Un petit cri sorti de sa gorge, et elle lâcha son frère qui tomba les fesses la première à terre. Prenant son élan, elle parcourue la distance qui la séparait de sa maison de ses faibles et petites jambes, et tomba à de nombreuses reprises. Lorsqu'elle arriva enfin chez elle, la petite Hevel était en pleurs.
On n'a jamais su ce qu'il était advenu de son petit frère.
Elle reçue l'impact en pleine poitrine, le choc en fut si violent qu'elle tomba à terre. Une longue, très longue chaîne sortait des ténèbres et étaient accrochée à son torse, transpercé par un hameçon géant. Hevel s'était fait traversée par un harpon, comme un poisson. Elle eut une pale sourire, en dessous de la couche de sang qui remontait de ses lèvres, cela lui rappelait la pèche au canard, dans les fêtes foraines. La lampe torche s'échappa de ses mains et roula à terre, éclairant son visage devenu blanc comme un linge. Quand l’homme au fond du couloir fut sur de sa prise, il tira sur la chaîne et traîna la jeune fille vers lui. Un long sillage sanglant se dessina sur son passage, devant le corps traîné sauvagement. La lumière de la lampe éclaira son visage plein de sang et humide de quelques larmes, avant que celui-ci ne disparaisse complètement dans l’obscurité.
Hevel souriait.
Les quatre jeunes filles restantes s’étaient mises rapidement à courir à grandes foulées désorientées, et prient sans réfléchir le chemin des cellules. Si elles avaient hurlé ? Oui. Mais à présent, elles se concentraient sur leur course folle menant tout droit dans la gueule du loup. Un escalier en colimaçon apparu alors, et Ève failli tomber la tête la première dans ce bourbier d’obscurité et d’obstacle. Elles cavalèrent quelques minutes, puis arrivèrent enfin au niveau des cellules, faiblement éclairée par une clarté bleuâtre, diffusée par des diodes. Cela devait être une alimentation de secours, mais peur leur importait. Continuant tout droit, elles arrivèrent à une grande porte à battant. Celle-ci possédait deux petits hublots, une pour le battant de droite, et une pour l’autre, à gauche. C’est Nox qui passa la première, mais elle s’immobilisa en quelques fractions de secondes pour presque reculer devant le spectacle, devant leurs yeux. Les trois autres jeunes adolescentes derrière elle se stoppèrent aussi, contemplant la pièce dans laquelle elles étaient atterries. C’était un grand espace, plus long que large, et les mêmes diodes bleuâtres éclairant l’endroit. De longs cylindres, au nombre de six, étaient disposés à la verticale dans ce qui semblait bien être un laboratoire. D’environ quatre mètres de circonférence, ceux-ci partaient du sol pour finir au plafond, deux ou trois mètres de hauteur. Sur le côté droit de sa salle se trouvait un mur de lavabos, tous possédant un miroir. L’air ambiant était glacial, et maintenant couvertes de sueur, les jeunes adolescentes commençaient à avoir des frissons leur parcourant l’échine. Elles s’avancèrent prudemment, et se regardèrent toutes, comme vérifiant au fond du regard des autres qu’elles n’avaient pas rêvé. Personne n’osait dire quoi que ce soit. Hevel était morte. Ou alors en train d’agoniser avec pour seule compagnie ce malade mental, ce tueur, ce psychopathe. Elles repensèrent au visage de leur amie, ensanglanté et meurtri. Elles le savaient peut être, qui sait, au fond qu’elles, qu’elles finiraient de la même manière. Mais elles ne voulaient pas y penser, l’espoir tenace enivrait encore leurs veines, dans cette espérance idiote et folle qu’elles pourraient s’en sortir. C’est Ève qui bougea la première, donnant une légère tape sur l’épaule de la jeune fille aux yeux verts. Lui adressant un léger sourire, elle reprit son chemin obscur, invitant les autres à la suivre.
Leurs pas raisonnaient un peu trop à leur goût, dans cette pièce immense. N’importe quel bruit, même venant de leur petite troupe les gênaient. Trouver une sortie, autre que celle qu’elles avaient emprunté, devenaient leur priorité absolue. S’enfuir avant qu’elles ne meurent toutes, prises dans les filets de ces abominables personnages qui peuplaient la bâtisse. Mission impossible ou presque, mais ça non plus, elles ne voulaient pas y penser. Une odeur forte arriva à leurs narines, en des relents puissants et infâmes. Instinctivement, elles plaquèrent leurs mains contre leurs narines, essayant tant bien que mal de cacher ou d’atténuer les fragrances de charogne. Car oui. Cela sentait bien la charogne. Oh, non, je vous rassure tout de même. Cela ne ressemblait aucunement à Une Charogne, de Baudelaire, mais plutôt cette légère odeur sanglante, celle qui titille le nez et vous provoque un léger mouvement de recul. Pour être plus exacte encore, le parfum en question était en fait divisé en deux parties bien distinctes. La première était l’ambiance générale de la pièce, on pouvait très clairement percevoir que c’était tous les murs, les sols, les objets et même le plafond qui la dégageait. La seconde était plus concentrée, moins éparse. Elle était présente vers le coin droit de la salle, vers le dernier pilier du fond. Hésitantes, elles s’approchèrent lentement avant de reculer précipitamment. La jeune fille aux grands yeux verts poussa un petit cri et se retourna complètement, cachant son regard de ses poignets. Une main dépassait du dernier contenant translucide, laissant s’échapper une légère silhouette, couchée au sol. Une flaque sombre s’était élargie, en dessous de la chose. Les trois autres filles détournèrent le regard aussi, et Ève recula de quelques pas, effrayée par cette apparition.
Quelqu’un la prit dans ses bras.
Elle s’osa même pas hurler, lorsque la main de l’homme se posa sur ses yeux. Elle s’osa même plus bouger lorsqu’il passa son autre main autour de son ventre, celle-ci passa d’ailleurs légèrement en dessous de son tee-shirt, laissant entrevoir le nombril de la jeune fille. Elle laissa s’échapper un léger soupir angoissé, qui alerta le reste de la troupe. L’apparition eu l’effet d’un coup de tonnerre, elles reculèrent toutes derechef vers le fond de la salle. Sous ses yeux dissimulés par la main du grand type, on voyait très nettement les larmes se former et couler le long de ses joues. Tremblante, elle ouvrit légèrement la bouche, laissant s’échapper un son plus proche de l’agonie que de quelconques paroles. L’immense silhouette approcha ses lèvres de l’oreille d’Ève, et lui murmura quelques paroles inaudibles. Elle essaya tant bien que mal de se calmer, mais on pouvait très bien comprendre à quel point l’angoisse montait en elle. Le reste du groupe se campèrent sur leurs jambes, et même une lueur de colère apparue dans les yeux de Nox. Elles ne voulaient pas voir plus de morts, et elles feraient tout pour la sortir de là. Le type eu un soupir ennuyé, du haut de son bon mètre quatre-vingt-dix. S’il n’avait pas eu les mains prises, je suis même sûre qu’il aurait réajusté ses lunettes bleues pétrole. De grands yeux fins, en amande, s’ouvrirent légèrement. Son regard était d’un jaune quasi parfait, reflétés d’étranges reflets par la clarté bleue des lieux. Il portait une blouse blanche, tachée de sang, et légèrement trop courtes sur les manches, signifiant que ce n’était pas la sienne. Où l’avait-t-il eu ? Sûrement sur le cadavre, un peu plus loin, derrière ce fameux pilier. Il eut un petit rire cynique, comme rirait un serpent.
- « Pensez-vous réellement vous en sortir, jeunes demoiselles ? Pensez-vous, avec toute sa sincérité dont vous êtes capables, que vous allez survivre à cette prison et ces formidables personnes qui s’y cachent ? Et si oui, pensez-vous encore vivre à l’Apocalypse du dehors ? »
Ces paroles nouèrent les gorges, qui tentèrent de se délier, mais le grand type continua :
- « Après cette porte, vous atterrirez sur une bifurcation, et une salle ronde. Là-bas vous attendra un autre de mes amis, il aura un magnifique fusil de chasse récupéré de la salle des gardes. Si vous y réchappez, il y en aura un autre, qui patientera sagement dans le couloir des cellules. Je me doute bien que vous allez y laisser des plumes, et si par miracle, l’une de vous en réchappait, un dernier et tendre personnage saura vous trouver, où que vous soyez. »
Mensonges ? Non. C’était la vérité. La pure vérité. Limpide comme de l’eau de roche. Et alors ? Elles n’allaient pas rester planter ici comme des cruches pour autant. Le meilleur moyen de sortir d’ici, ou du moins, essayer d’en sortir c’était d’y aller. Au moins, elles auraient essayé. Détalant à toute jambes, elles passèrent la porte à doubles battant, qui firent des vas et viens dans le vide avant de se stabiliser, et de devenir immobiles. Le grand homme brun commença à marcher, léger et presque conciliant. Cela donnait presque l’impression à Ève de ne pas être obligé de le suivre, comme une invitation étrange, à une quelconque valse. Elle le suivit cependant sans sourciller. Il poussa de son dos une autre porte, plus petite, et ils arrivèrent tous deux dans une salle. Moins spacieuse que le laboratoire, elle ne comportant qu’une table et deux chaises, et sans lui dévoiler les yeux, il l’assit à l’une d’elle. La jeune fille ne rouvrit pas les yeux tout de suite, comme attendant la permission de son interlocuteur. Elle l’entendit s’asseoir, juste en face d’elle. Il lui dit calmement qu’elle pouvait ouvrir les yeux, à présent. Par un quelconque miracle, la lumière baignait ici les lieux d’une pale clarté blanche, et elle pouvait enfin voir l’homme, dont elle ne connaissait que la voix et la taille, ainsi que la douceur étrange de ses mains. Il avait presque un visage séduisant, longiligne, et son regard d’or liquide était doux, calme, comme le plat de l’océan avec le léger bruit des vagues que l’on entendrait en fond, ainsi que le cri volatil des oiseaux marins.
- « Quel est ton nom, douce jeune fille ? - Eve, Docteur. »
Un sourire étrange se dessina sur le visage du fameux docteur, aussi doux et cotonneux que pouvait l’être un nuage de chantilly, posé sur une tartelette à la crème et avec une cerise posée dessus. Elle le regardait de ses yeux humides mais tranquilles, bizarrement eux aussi, tranquilles.
- « As-tu déjà fais souffrir des gens, Ève ? - Oui. J’ai menti, triché et trompé. - Oh. Et qui ça ? - Un peu tout le monde, je crois, Docteur. »
Un nouveau silence s’installa, soyeux lui aussi. On pourrait même y jouer un tranquille air d’Opéra, cela ne rendrait la scène que plus belle encore, avec les manches trop courtes et ensanglantées du tueur, et le visage presque souriant de l’adolescente.
- « Alors pourquoi espères-tu vivre encore, très chère Ève ? - * il y eu un silence* Je ne sais pas. »
Le sourire sur le visage de l’homme s’agrandit, et une lueur de joie exaltante traversa ses pupilles dorées.
- « Et bien alors, Dame Ève, je vais vous aider. * Il lui adressa un sourire compatissant, en disant ces mots. * Derrière vous se trouve la clé de vos tourments. Non, non, ne vous retournez pas tout de suite, vous avez du temps très chère. Si vous acceptez de voir cette chose, vous devez vous engager à faire ce qui est attendu de vous. J’ai votre parole ? - Oui Docteur. »
Il se leva, et comme à l’entrée de la pièce, la pris dans ses bras. Elle se sentait mieux à présent, comme portée par un quelconque sentiment de tendresse et de compréhension qu’elle n’avait jamais eu auparavant. Même venant des personnes les plus proches d’elle. Ils s’arrêtèrent enfin, et il lui découvrit enfin les yeux.
C’était une vierge de fer, belle et sévère, dans ses traits d’acier. Un regard neutre et stoïque avait été gravé dans son visage, prenant les âmes perdues dans ses entrailles sans aucuns sentiments distincts. Ève eu un sourire, apaisé. Tranquille. Des larmes coulèrent sur ses joues, mais aucune amertume ne venait ternir ce regard si heureux, si reconnaissant. Elle se retourna vers son bourreau, qui l’interrogea du regard. La jeune fille l’enlaça de ses mains, passant autour de ce ventre amaigri par l’enfermement et les mauvais traitements du bunker qu’il avait subi, mais gardant toute sa superbe d’homme. Elle inspira son parfum de sang et de rose, et resta ainsi quelques secondes, avant de se détacher de lui. Prenant, le chemin de la vierge de fer, elle s’arrêta et lui dit :
- « Merci, Docteur. »
La porte en acier se referma sur elle, laissant le mécanisme de la machine s’enclencher, on entendit les bruits de chair de déchirer et les os se briser. Du sang dégoulina des yeux ouverts de la vierge, coulant sur son visage froid et impassible, comme il le fut et le resterait pour l’éternité.
- « De rien, Ève. »
Le couloir était obscur, et elles se prenaient parfois les pieds dans des obstacles non identifiés. Pourquoi le l’avaient-elles pas sauvée ? En ces instants, son bourreau devait lui infliger les pires tortures, à moins qu’elle ne soit déjà morte de la plus atroce des manières. L’assurance de l’homme en blouse blanche avait brisé leurs vains espoirs de porter secours à leur amie. Elles s’étaient donc mises à courir, une bonne cinquantaine de mètres au moins, avant d’être confrontée à une nouvelle porte. Simple cette fois ci, et sans aucunes fenêtres pour en montrer l’intérieur, elles ne percevaient qu’un fin et pale rayon de lumière bleue en dessous de cette même porte. Comme une promesse de ce qui les attendait. Elles restèrent immobiles quelques minutes, n’osant pas ouvrir ce qui serait peut-être leur tombeau. Le petit groupe se remémorait en silence, chacune de leur côté, les paroles du tueur précédent. Un couloir, une porte, et un autre tortionnaire. Et cette fois ci, il possédait un fusil à pompe. Et sûrement plus d’une balle, qui irait se loger dans leurs jolis crânes. Angelis colla son oreille contre la porte, tentant de capter le plus infimes des bruits. Elle posa ses doigts sur ses lèvres pour le intimer leur silence, alors que celui-ci était déjà pesant depuis de nombreuses minutes. Puis, elle se concentra. La jeune fille fit le vide en elle, ignorant les propres battements de son cœur. Elle ne perçu rien, les trente premières secondes, puis elle capta une légère respiration, à peine audible. Profonde, celle-ci se trouvait vers la droite de la salle. Elle en conclu donc que la porte se trouvait par-là, et si ses suppositions étaient bonnes, celui-ci attendrait posté devant l’accès à l’autre couloir. Elle souffla, et se tourna vers ses deux autres camarades, aux visages rongés par l’angoisse et l’attente. Elle se pencha vers elles, et murmura le plus bas possible quelques paroles inaudibles pour nos oreilles. La jeune fille aux yeux verts se redressa d’un coup, comme si une enclume venait de lui tomber sur la tête. Des larmes commencèrent à naitre sur le coin de ses yeux, en entendant les mots d’Angelis. Celle-ci passa sa main sur ses joues humides, mimant sur ses lèvres des paroles réconfortantes, en lui demandant de ne pas pleurer, sans jamais qu’un seul son ne passe la barrière de sa bouche. Nox ne pipa mot, et son visage ne laissa transparaître aucun sentiment en particulier. Juste un hochement de tête grave, lorsqu’elle comprit les intentions de son amie. La jeune fille aux piercings prit fermement le poignet de sa camarade aux yeux verts et humide, et Angelis ouvrit violemment la porte.
C'était exactement comme l'avait décrit l'homme en blouse blanche, celui de la salle précédente. La pièce était ronde, il y avait deux ou trois plantes vertes présentes ainsi que quelques chaises et des magazines, tous renversés les secousses. Le plafond était quand à lui, un peu plus haut que le reste de la bâtisse, et l'écho de chacun de leurs mouvements étaient répercutés sur les murs, un peu comme dans une église. Et comme prévu, un homme, fusil à pompe à la main, les attendaient avec un grand sourire fiché sur ses lèvres. Angelis fut rapide, elle parcouru la distance entre elle et lui en un clin d'œil avant de se jeter dessus. Le grand type ne s'attendait visiblement pas à cette réaction de la part d'une proie, le fusil tomba à terre et parti de l'autre côté de la salle en tournoyant sur lui-même. Nox tira avec violence sur le bras de l'autre adolescente, la forçant ainsi à avancer vers la porte maintenant dégagée de tout danger. Elle la referma derrière elle, après qu'elles fussent passées, et mis une chaise en dessous du loquet afin de la bloquer. Elles entendirent des bruits de lutte, et un grand coup de feu. Leurs sang se glacèrent, mais Nox, tétanisée, ne sera que plus fort le poignet de sa dernière camarade, qui sous la pression, blanchit légèrement. Plus aucuns bruits à présent, quelques secondes passèrent, puis elles virent la poignée de la porte se tourner mais heurtant la chaise, il ne put s'ouvrir. Elle trembla plus fort, presque hystériquement, montrant la colère palpable de l'homme, coincé, et sans possibilité de les atteindre. Un hurlement de rage atteignit leurs oreilles, sauvage, et un bruit d'une arme que l'on charge. Instinctivement, elles se mirent à courir, alors que la barrière de fer n'était même pas certaine de tenir.
Elles s'enfuirent en courant, Nox avait l'impression de ne faire que cela, et pour finalement abandonner un autre camarade, et recommencer à fuir. Elle se mordit la lèvre, écœurée du fait qu'elle ne pouvait rien faire pour empêcher aucuns des meurtres. Une perte totale du contrôle de la situation qui n'avait rien pour lui plaire, tandis qu'elle trainait derrière elle la loque humaine qu'était devenu la dernière fille en sa compagnie, le regard vague et perdu, se laissant balloter par les évènements sans essayer de les stopper pour autant. Elle était là, physiquement, mais moralement, elle était déjà morte. Elle se stoppa, lorsqu'elles arrivèrent à un carrefour. Nox s'approcha des panneaux de direction pour en déchiffrer les indications. A droite, « Cave ». A gauche, « Cellules ». Aucunes des perspectives envisagées n'étaient présentes, mais ayant un minimum de culture et de jugeote, elle se douta bien qu'il n'y avait pas de sortie à la cave. Son cerveau tournait à plein régime, essayant de se remémorer la topographie des lieux, et ainsi prévoir une fuite possible. Sachant qu'elles avaient traversé une bonne centaine de mètres, depuis qu'elles étaient passées pour la première fois dans les cellules, et s'étaient dirigées vers le laboratoire... Nox calcula rapidement de tête où est-ce qu'elles atterriraient, sachant qu'elles étaient tournées à droite, après la première salle, puis une nouvelle fois à droite, après la pièce ronde, puis à gauche, puisqu'elles arriveraient aux cellules. Donc, si ses résultats étaient bons, ou du moins les avoisinants, elles devraient se retrouver juste en face de la fenêtre panoramique du bureau, qui seraient juste un peu plus haute, de sorte qu'elles montraient des escaliers à gauche pour pouvoir monter jusqu'à lui. De là, elles pourraient atteindre la sortie. Si ses calculs étaient toujours bons, cela signifiait aussi qu'il n'existait qu'une seule et même sortie, à savoir la grande porte, devant laquelle les attendraient le tueur au harpon, le même qui avait exécuté Hevel, quelques vingtaines de minutes auparavant. Cette équation était pleine de « si » ou de « peut-être », mais elle envisagerait en fonctions des prochains évènements la marche à suivre pour vivre, ou bien mourir. Ne lâchant pas le bras de sa camarade, elle l'embarqua avec elle dans le couloir sombre, menant aux cellules. Aucunes paroles n'avaient été échangées, depuis qu'Angelis avait exposé son plan, et ce silence pesant ne faisait que renforcer leur nervosité déjà palpable. Elles arrivèrent enfin au niveau des cellules, mais personne ne se profilait à l'horizon. L'homme à la blouse blanche aurait-t-il menti ?
« C'est moi que vous cherchez ? »
Sa camarade aux yeux verts réagit plus vite qu'elle, et la poussa avec violence pour la dégager du passage. Nox vit une longue chaine argentée sortir du couloir et s'enrouler autour du cou de celle qui venait de lui éviter le même sort.
« Zut, je n'en ai eu qu'une. »
La voix venant du passage sombre était aigre, nasillarde, et il venait de prononcer ces paroles comme s'il venait de se rendre compte qu'il n'y avait pas de sucre dans son café ou que sa chemise préférée était encore au linge sale. Sa proie prit la chaise de ses deux mains, et ses phalanges blanchirent et elle tira de toutes ses forces. Elle recula, ramenant ainsi le tueur au niveau des cellules.
« HEY ! Ma biche, faudrait se calmer un peu des fois, alors maintenant tu vas être gentille et te tenir tranquille ! »
Cela ne fit qu'attiser les forces de celle-ci, et une explosion de haine pure brûla dans son regard. Nox s'était relevée, et observa la scène de ses grands yeux ébahis. Enfin, le bourreau apparu. C'était un homme grand et fin, et au visage laid et long. Sa peau était tellement pale et la lumière tellement bleue, fournie par les diodes au sol, qu'on aurait pu le prendre pour un batracien. Ses cheveux noirs et gras retombaient par des mèches inégales sur ses épaules, mais bizarrement, les cheveux de l'arrière étaient plus courts. Ses membres pouvaient être apparentés à des allumettes, tellement ils étaient squelettiques, en plus d'êtres d'une longueur anormale. Réflexion faite, il ressemblait plus à une mante-religieuse qu'à un crapaud. Il lança un regard haineux à la fille prise dans ses chaines, comme s'il lui reprochait de l'avoir dévoilé à la lumière. Si c'était bien le cas, il n'avait pas tort. Il feinta, et lâcha du lest sur son arme, ce qui fit perdre l’équilibre à son adversaire, prise dans son élan. Profitant de cette occasion, il se précipita sur elle, dans l’intention plus probable de la tuer. Réaffirmant sa prise, elle tira encore plus fort et l’homme lui aussi bascula en avant. Mangeant les derniers mètres les séparant, elle lui décrocha un magnifique coup de poing dans la mâchoire, si violent qu’on aurait pu croire que sa tête allait se détacher de son tronc. Il s’essuya la bouche, humilié, et se jeta de nouveau sur sa cible mais plus vigilent cette fois ci. Il lui assena un coup dans le ventre, ce qui eut pour effet de lui couper la respiration. Profitant de l’ouverture, il plaça ses longs doigts autour de son cou découvert, et serra encore plus fort que la chaîne déjà présente et qui l’étranglait. Se faisant violence, elle récupéra ses esprits tant bien que mal et se débattit comme une diablesse et son agresseur recula. La jeune fille passa la chaîne tendue autour du cou de l’homme et tira de toutes ses forces. Une grimace se forma sur son visage déjà laid, tordu par la douleur. Elle le retourna, ils étaient maintenant dos à la rambarde les séparant du vide. Nox contempla les deux personnages, ne sachant que faire. La jeune fille ayant le tueur à sa merci eu un pale sourire, et donna un ample coup de pied dans la balustrade, qui chuta. Elle recula d’un pas, et comprenant ses intentions, l’homme commença à se débattre comme un animal fou. Elle tira plus fort encore sur la chaîne, l’étouffant et lui coupant toute fuite. Nox se précipita vers elle, tentant de l’empêcher dans son action folle. La jeune fille bascula en arrière, emportant avec elle son bourreau, attaché à elle. Les yeux humides de larmes, et un sourire tremblant sur le visage, elle lui dit une dernière chose, avant qu’elle ne soit happée par les ténèbres.
- « Merci, l’Oiseau. »
Et son corps fut emporté dans les méandres du noir.
Nox entendit les bruits des corps chuter, quelques cinquantaines de mètres plus bas. Sa camarade. Sa dernière camarade, était morte. Elle se retrouvait seule, à présent. Elle fixa le vide, dont elle n’apercevait même pas le fond. Juste cette certitude de ne pas en réchapper. Elle se retourna, et contempla le couloir sombre devant elle, menant à la salle ronde et à la cave. Elle jeta aussi un coup d’œil vers les escaliers, quelques dizaines de mètres plus loin, la menant à la sortie. Elle était lasse, de tout cela. Cette comédie. Non, sincèrement. Dites-moi que ce n’est qu’une blague. C’était si minable. Tenter de s’en sortir. Encore plus que celle des tueurs, ceux qui avant la fin du monde voulaient goûter une dernière fois le sang. Ces types-là, ils étaient réellement une belle brochette de dégénérés n’ayant rien dans la cervelle. Mais on pouvait les comprendre non ? Eux aussi. Devaient être désespérés. Elle se retourna, ignorant les escaliers et son salut. Empruntant le couloir, elle devina où devait se planquer leur agresseur précédent, pour avoir apparu dans leurs dos. Pas con, le malade, il s’était caché dans les escaliers de la cave, attendant qu’elles prennent le chemin des cellules. C’était tellement, tellement prévisible. Descendant les marches une à une, elle arriva dans une salle froide, et empestant la brique et la mousse. De l’eau montait au niveau des chevilles, sûrement les canalisations qui s’étaient rompues. Dans quelques heures, tout le bâtiment serait inondé, emportant avec elle le sang, la sueur et les larmes. Contrairement aux autres parties du bunker, la cave ne possédait pas les diodes de secours, au sol, indiquant la marche à suivre en cas de coupure de courant, sûrement déjà disjonctées par la masse liquide. Une secousse ébranla le dispositif carcéral, l’heure était proche. Dos aux escaliers, c’est à ce moment qu’elle entendit le bruit sinistre.
Chriiiiiiiiiiiiiiiiiiisssssssssh.
Un sourire illumina son visage, et des larmes dégoulinèrent sur ses joues, faisant couler son maquillage noir. Elle était enfin venue la faucher, la mort bénie, la cueillie comme on arracherait une fraise des bois de sa plante. Alors que toutes étaient mortes avant elle, espérant peut être vivre. Ironie du sort, elle se retrouve la dernière. Nox avait pourtant réalisé à quel point essayer de s’en sortir était futile. Elle en avait eu la confirmation aux paroles de l’homme en blouse blanche, bizarrement, elle savait qu’il ne mentait pas. Et maintenant. C’était son tour. Elle l’entendait parfaitement, le crissement du métal contre le mur, celui de l’énorme hache qu’avait l’homme entre les mains. Elle ne le verrait jamais, ce charmant garçon. Et elle s’en fichait un peu à vrai dire. Le visage de notre propre mort ne nous importe plus réellement, lorsque notre heure est venue. De lourds pas se firent entendre dans l’escalier, lui donnant comme seul indice la corpulence de la personne. Il devait être costaud, pour porter une arme pareille. Car elle se doutait aussi que ce n’était pas qu’une simple hache de jardin, celle pour couper un peu de bois sec. Elle entendait maintenant la démarche de l’homme atteindre l’eau, provoquant des remous sur l’étendue limpide, et parvenant jusqu’à ses chevilles. Mais elle se sentait étrangement calme, sereine. Apaisée. Elle ouvrit les bras, comme sur la croix du Christ, comme voulant enlacer sa mort de plus près encore. Nox entendait avec netteté le souffle saccadé du grand type, à quelques mètres de lui. Il avait une respiration puissante, comme celle d’un bœuf au travail. Elle sentie son hésitation, pas qu’il avait des scrupules, non, mais une cible qui l’attend à bras ouverts et de dos, cela ne devait jamais lui être arrivé. Qu’importe, il empoigna son arme à deux mains, et fébrile, leva son instrument. Levant la tête vers le plafond, elle soupira d’allégresse.
La hache s’abattit sur son cou, tranchant celui-ci d’une force peu commune. Sa tête valsa sur le mur, et ses genoux touchèrent le sol, avant que ne bascule le reste de son tronc sur les briques humides. Le sang se mêla au liquide translucide, créant ainsi une mare de sang.
Il y avait toujours cet effrayant sourire, fiché sur ses lèvres, que même la mort n’avait su effacé.
Le ciel n’avait pas changé de couleur, il était toujours de ce rouge macabre, enveloppant le monde de ses ailes de noir et de sang. Le bunker s’était effondré, à présent, et plus aucunes âmes n’avaient survécu. Les tueurs qui connaissaient leur destin n’avaient pas cherché à fuir, malgré la bassesse de leur âme. Le corbeau poussa un long soupir tranquille, alors qu’il était perché sur les ruines en quête qu’un quelconque cadavre. Dépité, il fixa avec regrets les pierres renforcées qui avaient enseveli les cadavres, à l’abri de faim des charognards. Les corps carbonisés des élèves, près de l’établissement scolaire ne représentaient pas un réel repas, toute la chair avait brûlé et les graisses tant qu’à elles avaient fondues. Il restait bien quelques accidentés, sur l’autoroute, dont le soulèvement du béton avaient écrasé les pauvres conducteurs et leurs passagers, mais les extirper des voitures et ne pas avaler des bouts de verre provenant des parts brises défoncés n’était pas chose aisée. L’oiseau s’envola, et décida de chercher son bonheur ailleurs. Il n’y avait plus rien d’intéressant en ces lieux.
Et laissant les hommes à leur monceau de bêtises, il s’envola vers de nouveaux horizons.
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HI I'M Hermeien ROSE NOIRE
▌My Messages : 14 ▌Inscription le : 17/06/2011
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| Sujet: Re: — ❝ Hermeien Ven 24 Juin - 14:12 | |
| Juste pour dire que c'est... TERMINÉ.
Enfin, bouclé en moins d'une semaine avec les exams en même temps, j'aurais bien gérer mon temps, of course.
Je n'ai pas respecté tout à la lettre dans l'histoire, mais j'ai préféré réajuster en fonction de moi, sachant que c'est moi qui m'occupe de ce personnage x). Je n'ai pas parlé de la Rose Noire, je me suis surtout concentrée sur la relation avec Nactias, mais si je disais tout, je me retrouvais avec une vingtaine de pages word à écrire, préférant terminer la présentation avant le lancement de l'évent et mes examens... On vas dire que tout ça aura été crée dans la foulée \o/. Bon courage aux lecteurs ( a ). |
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HI I'M Catalane STAFF • PNJ
▌My Messages : 108 ▌Inscription le : 27/04/2011
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| Sujet: Re: — ❝ Hermeien Ven 24 Juin - 15:10 | |
| Bon c'est partit ^^ Merci pour la lecture :p Je dois dire que je n'irais pas de reprocher d'avoir expédié l'histoire, il est vrai que tu ne t'es focaliser que sur la relation entre les personnages dommage que tu n'es pas parlé de la Rose noire. Pour ma part tu es validé de plus ton test rp est très bien je trouve. Mais attend l'avis d'un autre d'admin avant de jouer ^^ |
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HI I'M Aeriya N. Caewyn FONDATRICE • CRONOS
▌My Messages : 356 ▌Inscription le : 15/04/2010
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| Sujet: Re: — ❝ Hermeien Sam 25 Juin - 21:06 | |
| Effectivement c'est dommage de ne pas avoir parler de la rose noire, mais je trouve ton histoire extrêmement bien ficelle, très proche de ce que j'ai voulu pour ce personnage. C'est avec grand joie que je te valide ! |
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| Sujet: Re: — ❝ Hermeien | |
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